Jean-Paul
Rappeneau
Un film personnel
Dans ce film, tout me parle, tout a une signification précise. Tout me relie, soit à l'histoire de ma famille, à mon enfance, soit à ce qui m'a formé au fil des années : mon goût des livres, mon amour du théâtre, du cinéma américain et français, ma passion pour l'Histoire, plus d'autres raisons plus intimes encore. Rien n'est là par hasard. Il y a dans "Bon Voyage" une somme de choses que je voulais depuis longtemps mettre dans un film et que j'ai finalement mises dans celui là. Edith Scob, qui joue le personnage de Madame Arbesault, m'a dit à la fin du tournage qu'elle avait eu le sentiment d'être à chaque instant "chez moi, dans ma maison", tellement chaque détail de chaque scène semblait me toucher profondément. Elle avait raison, et elle était bien placée pour le deviner, car il y a beaucoup de ma mère dans Madame Arbesault.
L'époque de mon enfance
Trente-cinq ans après "La vie de château", mon premier film, je reviens sur la période de la guerre, qui est celle de mon enfance. Ce que j'ai vu, entendu, vécu, les bouleversements dans la vie des adultes qui m'entouraient, sont des choses qui sont restées imprimées très fortement en moi. "La vie de château" se situait en 1944, à la fin de la guerre. "Bon Voyage" se déroule au tout début, en juin 1940. J'ai été un petit garçon de la défaite. Mon père avait fait la guerre de 14, il s'était engagé à dix-huit ans, et était revenu en vainqueur avec la croix de guerre, les palmes et la légion d'honneur. Quand il est reparti en 1939, c'était à mes yeux le héros qui remontait sur son cheval, il en avait un d'ailleurs, car il était dans l'artillerie. Mais cette fois, la guerre, il l'a perdue avec toute l'armée française, et il s'est retrouvé prisonnier en Allemagne. Choc terrible. Tout ce en quoi je croyais gamin s'était écroulé d'un coup. J'ai retrouvé récemment une lettre de ma mère, envoyée à mon père, prisonnier, pendant l'hiver 40. "Chaque matin, les Allemands défilent sur le boulevard, musique en tête", écrit-elle. "Tous les enfants courent les voir passer, sauf Jean-Paul, bien sûr, toujours dans ses idées noires…" Mais il y avait dans la famille un autre personnage, l'oncle Albert, un frère de ma mère, un type superbe, beau comme un acteur de cinéma, d'une drôlerie qui fascinait les enfants. Lui est parti pour l'Angleterre et un matin de 1944, à la Libération, nous l'avons vu revenir en jeep dans la cour de la maison avec son béret rouge de parachutiste et sa mitraillette Thomson. De là vient ce mythe de l'Angleterre dans la légende familiale, et quand, dans "Bon Voyage", Grégori Derangère court vers le bateau et que la musique s'élève, j'ai encore des larmes aux yeux. Une triste ironie veut d'ailleurs qu'un jour, sur le tournage à Bordeaux, dans un jardin de la ville, mon portable sonne, c'était Bertrand, le fils de mon oncle. Il me dit : "Albert est mort". Et je lui réponds "Mais je suis en train de raconter l'histoire de ton père !..." Oui, en filmant ces personnages, cette époque, ces costumes, j'ai souvent eu le sentiment de filmer ma famille.
La comédie de Bordeaux
Je m'étais dit il y a longtemps déjà que, dans les quelques journées de Juin 40 où l'ensemble de la classe politique, l'establishment français, le monde des affaires et les artistes s'étaient retrouvés à Bordeaux, entassés dans un ou deux hôtels, il y avait certainement le sujet d'un film possible. Tout ce que je lisais sur la période me le confirmait, les témoignages, les anecdotes, Paul Reynaud jetant un verre d'eau au visage de sa maîtresse, Hélène de Portes, devant le Tout Paris stupéfait, dans le restaurant de l'hôtel Splendide, les batailles pour trouver des chambres, les fauteuils du hall s'arrachant à prix d'or pour la nuit, Louis Jouvet assis sur les marches du Grand Théâtre tentant de réconforter Françoise Rosay en larmes... Dans cette concentration, ce caravansérail, je pensais qu'il y avait la place pour quelque chose qui tournerait, qui s'emballerait, une valse de personnages. On a souvent dit que "La règle du jeu" de Jean Renoir (un de mes films préférés) sorti en 1939, à quelques semaines de la déclaration de guerre, était comme "le dernier bal" d'une classe condamnée avant la catastrophe. Ces aristocrates et ces grands bourgeois rassemblés pour un week-end de chasse au château de "La Colinière", j'imaginais qu'au fond ils n'étaient pas loin de la clientèle qu'on retrouverait quelques mois plus tard à Bordeaux, à l'hôtel Splendide. Une réplique célèbre de "La règle du jeu" aurait très bien pu se retrouver dans "Bon Voyage". Lors de la soirée masquée à "La Colinière", le garde-chasse poursuit Carette dans les salons en tirant au revolver, tandis que chez les aristocrates on se poursuit aussi, mais pour d'autres raisons. Le marquis, joué par Dalio, lance à son maître d'hôtel : "Faites cesser cette comédie !". Et celui-ci répond : "Laquelle, monsieur le marquis ?" Au Splendide, c'est la même chose. Toutes les comédies s'y retrouvent. Celle du pouvoir, celle de l'intérêt, celle de l'amour… Après "Le hussard sur le toit", j'ai travaillé sur plusieurs projets que je n'ai pas menés jusqu'à leur terme, mais sans cesse revenait cette idée de Bordeaux 40. Oui, mais quelle histoire pourrais-je y raconter ? Et puis, un jour, dans un des nombreux livres que je lisais sur la période, j'ai trouvé ce détail : dans les journées qui ont précédées l'arrivée des Allemands à Paris, le gouvernement avait décidé de vider les prisons. Je tenais un début : un type est en prison, il en sort, Paris est vide comme sur la lune, et il va à Bordeaux retrouver ceux à cause de qui il était injustement en prison.
Patrick Modiano
J'en étais là de mes réflexions quand je rencontre à un dîner mon romancier français préféré, Patrick Modiano. Je lui avais souvent écrit, en lui proposant de travailler ensemble, mais je n'avais jamais réussi à le convaincre, il était toujours pris par un livre à finir. Ce soir là, j'ai raconté mon histoire de Bordeaux, et j'ai dû dire quelque chose qui l'a intéressé. On s'est revu le lendemain. Modiano connaît cette période par cœur ; il a d'ailleurs publié il y a quelques années "Interrogatoire", un livre d'entretiens avec Emmanuel Berl qui était à Bordeaux en 40 et qui écrivit même les deux premiers discours de Pétain. Nous nous sommes mis au travail. Dans mon esprit, ce film ne pouvait être autre chose qu'une comédie. C'est dans ma nature. J'aime cette phrase d'Howard Hawks : "Donnez moi un bon drame, j'en ferai une bonne comédie". Dès mon premier film, quand j'ai commencé à écrire "La vie de château", au bout de quelques jours j'ai appelé Alain Cavalier, avec qui j'avais inventé cette histoire qui au départ était très sérieuse, pour lui dire : "Je ne trouve que des trucs drôles. Qu'est-ce que je fais ?". "Continue !" m'a répondu Alain. "C'est toi, c'est ton humour. Vas-y !" Très tôt, avec Patrick, on a imaginé une scène où, dans la fameuse salle à manger du Splendide, le héros, évadé de prison, serait reconnu par un type et s'enfuirait, renversant tout, créant dans le restaurant un véritable cataclysme. Là, nous avons vu qu'une grande comédie était possible si un élément perturbateur se glissait dans cet entassement de vanités bourgeoises, dans ce monde du Tout Paris transporté en province. Mais une question restait en suspens : pourquoi notre héros était-il en prison ?
Cherchez la femme…
Très vite, bien sûr, nous est venue l'idée que ce serait à cause d'une femme. On a imaginé un jeune homme qui vient de province. Il monte à Paris, où vit celle qui a été son premier amour. Modiano évoquait Des Grieux, amoureux de Manon Lescaut, découvrant qu'elle mène à Paris une vie de plus en plus dissolue. On s'est raconté l'histoire d'une fille qui tournait mal, qui vivotait en faisant de la figuration. Et puis, peu à peu, de cette figurante nous avons fait Viviane, une star de cinéma. Mais il nous manquait toujours la raison qui pousse le héros à courir à Bordeaux pour la rejoindre. Nous avons imaginé alors une sorte de prologue, un fait-divers dans le quartier de l'avenue Foch, pendant une nuit pluvieuse de 1939, qui, maintenant que je vois le film, semble sorti tout droit d'un roman de Patrick Modiano…
Les ferrets de "Bon Voyage"
Un autre moment clé de notre travail a été celui où est née l'idée d'un deuxième personnage féminin, une jeune fille rencontrée par notre héros dans le train qui le mène à Bordeaux. Cette Camille, cette jeune assistante d'un grand physicien, a fait entrer dans notre histoire un enjeu supplémentaire auquel je tenais, un enjeu scientifique et stratégique qui allait dépasser la simple histoire de nos personnages. Un vieil ami auquel j'avais parlé de mon projet dans ses débuts m'avait dit : "Il te manque l'histoire des ferrets, comme dans "Les trois Mousquetaires". J'avais beaucoup réfléchi à ça, et c'est en lisant le récit des périples de Joliot-Curie et de son équipe déménageant en toute hâte les secrets du Collège de France avant l'entrée des Allemands à Paris, que j'ai su que j'avais trouvé mes "ferrets". Le personnage de l'espion, lui, est une idée de Modiano. Il y avait à Paris, avant la guerre, des Allemands très francophiles, plus ou moins écrivains, plus ou moins journalistes. Ils parlaient parfaitement le français, faisaient partie du Tout Paris, étaient amoureux des actrices de l'époque. Quand la guerre est arrivée, ils se sont révélés être des nazis bon teint et, bien sûr, des espions depuis longtemps. Ainsi, dans notre histoire, nous n'avons fait le portrait de personne, tout est inventé, mais tout est plausible, tout aurait pu être vrai. Nous n'avons pas fait un film "historique", loin de là, mais le film est nourri de tout ce que nous savons, et nous en savons beaucoup… Après quelques semaines, Patrick a écrit en cinquante pages une sorte de nouvelle qui racontait, avec encore certaines parties floues, l'histoire que nous avions inventée. Pour la développer, j'ai procédé comme à mon habitude. Je crois profondément aux vertus des scénarios "multi-couches", à l'intervention successive de plusieurs auteurs qui viennent enrichir le scénario de base. Jérôme Tonnerre, puis Gilles Marchand ont apporté, chacun selon leur sensibilité, un regard nouveau et des idées nouvelles. Au fil des discussions, au fil des versions (il y en a eu cinq), le scénario est monté peu à peu en puissance. Toutes ces versions, je les ai écrites avec mon fils Julien qui est devenu pour moi avec ce film un compagnon d'écriture indispensable.
Le temps qui passe…
Le projet a cependant connu beaucoup de vicissitudes, et a failli plusieurs fois ne jamais se faire. J'ai travaillé et retravaillé le scénario durant presque trois ans. D'habitude, je me décourage assez facilement, je laisse tomber les projets quand je n'y crois pas assez. Mais celui-là, je ne l'ai pas lâché, sans doute parce qu'il me concerne très fort. En plus, cela faisait très longtemps que je voulais travailler avec Modiano, et cette relation s'est transformée au fur et à mesure en une vraie amitié. Patrick suit avec passion toute cette aventure. Donc, ne serait-ce qu'envers lui, je voulais aller jusqu'au bout. Puis il y avait Julien, mon fils, qui a consacré deux ans de sa vie à ce film. J'avais donc énormément de raisons de vouloir le faire. Et les refus ne me décourageaient pas. Je me disais seulement : "Ils ne comprennent pas". Jusqu'au jour où Michèle Halberstadt m'a téléphoné, après avoir lu le scénario : "Cela a un charme fou !" m'a-t-elle dit. C'était la première fois que j'entendais ça… Avec Michèle et Laurent, le film est enfin parti. Nous avons encore essuyé quelques refus. Mais, comme disait Fellini : "Un film existe en dehors de nous, il nous dirige, il sait qui doit y participer, et ceux qui ne le font pas ne doivent pas y être." Mes producteurs sont toujours allés exactement dans ce sens, ils me répétaient : "Il faut tourner avec ceux qui ont le plus envie du film". Et c'est ainsi qu'on a choisi les acteurs et constitué l'équipe.
Le style, le rythme, la mise en scène
Pourquoi le tournage a-t-il duré presque vingt semaines ? D'abord, parce qu'il y a dans "Bon Voyage" 1400 plans... et qu'il a bien fallu les tourner, ensuite parce que dans mes films, même dans une scène a priori simple, il se passe toujours quelque chose qui complique tout : la pluie, la fumée, des foules où des figurants interviennent à des moments précis. Il y a rarement, voire jamais, une scène tranquille où deux personnages assis parlent en champ-contre-champ. Cette bousculade de plans apporte, j'espère, une impression kaleïdoscopique. C'est ce qui donne le style. Je tourne exactement ce que j'ai écrit, mais le film est toujours plus drôle que le scénario. Tout monte d'un cran. Quand je cherchais des partenaires, je donnais le scénario à lire en disant : "Ce sera une comédie", et on me répondait : "Mais finalement ce n'est pas tellement marrant". Je ne sais pas pourquoi les gens ne savent pas lire, ou peut être que la lecture n'a pas le rythme, la rapidité que prend le film au tournage. Par exemple, en écrivant la scène où, au début du film, Frédéric arrive chez Viviane, qui est stressée, inquiète, et lui ne se rend compte de rien, ce décalage d'humeur entre eux, je riais aux éclats en l'écrivant. Je voyais que ce serait drôle, derrière un dialogue très simple, c'était déjà une scène de comédie, si on savait la lire. Je fais jouer les acteurs dans un tempo rapide, mais qui n'est jamais artificiel. Je le sais parce qu'en travaillant sur le découpage, deux mois avant le tournage avec ma scripte, j'ai joué chaque scène et chaque personnage devant elle. Et, en jouant, je sens quel rythme est juste. J'arrive sur le tournage avec la rythmique en tête. La direction d'acteurs c'est pour moi quelque chose de musical, comme une partition. La mise en scène est déjà dans ma tête au moment où j'écris. En fait, je mets en scène l'écriture. Je n'écris jamais à plat. Si je ne vois pas les plans je ne peux pas écrire la scène. Je ne peux l'écrire que lorsqu'elle m'apparaît filmable. Même si ensuite je suis amené à changer des choses.
Rêver les personnages
Je préfère, quand je me lance dans le scénario, ne pas imaginer de comédiens. Il m'est arrivé d'écrire en ayant des acteurs précis en tête pour un rôle, mais finalement je pense que ce n'est pas une bonne chose, parce qu'on se limite. Par exemple, "Les Mariés de l'an 2" est un film né de l'idée de faire quelque chose avec Belmondo pendant la Révolution Française. Et bien, c'est tout juste si je n'écrivais pas "Belmondo entre dans la pièce". Vous ne voyez plus le personnage, vous êtes aveuglé par l'acteur, comme vous l'avez vu déjà dans tant d'autres films, avec ses habitudes, ses tics, et vous êtes moins libres. Quand Montand a fait "Le Sauvage", le film n'avait pas été écrit pour lui. Il me le reprochait, mais cela l'a amené à se dépasser et il est extraordinaire dans le film. On s'est souvent engueulés sur le tournage, mais il était si heureux à la fin qu'il m'a dit : "Alors maintenant, nous nous devons une revanche éclatante !". J'ai écrit "Tout feu tout flamme" pour lui mais je le connaissais trop, et du coup il est moins bon dans ce film là, moins surprenant. Donc, il vaut mieux rêver quand on écrit, et sur "Bon Voyage", c'est ce que j'ai fait.
Mon double de cinéma
Quand Patrick Modiano et moi avons imaginé le personnage de Frédéric, je disais souvent : "Je ne vois pas qui peut jouer ça." Je dois dire qu'avoir trouvé Grégori Derangère a été une chance extraordinaire, un don du ciel pour nous. On est passé par des précipices avant de trouver notre héros. Et aujourd'hui, quand je le vois au début du film, ce grand gaillard qui marche sous la pluie, dans son imperméable, grand et mince, il me fait penser irrésistiblement à Patrick... et à moi, il y a bien des années. A dire vrai, dans Frédéric tel que Grégori l'incarne, je me suis trouvé un vrai double. Je retrouve un peu du jeune homme que j'ai été, je reconnais cette silhouette, elle m'est familière. Dans "La vie de château" j'avais ces mêmes affinités avec Philippe Noiret, ce provincial un peu distant qui est décoiffé par les évènements à cause d'une femme et qui est obligé de s'impliquer. Le parcours de Frédéric dans "Bon Voyage" peut se résumer de la même manière. Et ce n'est pas loin de mon histoire personnelle. J'ai été ce jeune homme de province très réservé, qui a fini par être décoiffé par la vie. Je revis cela quand je fais un film. Je suis, une, deux, trois années, dans la solitude de l'écriture, et puis c'est le temps du tournage et je bondis dans l'action. Dans tout cela, comme pour le personnage que joue Grégori, les femmes bien sûr jouent un rôle, elles vous sortent de votre trou et vous bousculent... Et je crois avoir croisé autant de Viviane que de Camille…
De la solitude à l'action
Le tournage est un grand bonheur à vivre, après la lente traversée du scénario. Un metteur en scène qui écrit ses films voit sa vie comme coupée en deux. Quand on est seul devant sa table, on se dit parfois que la vie est ailleurs, et qu'on est en train de passer à côté de tout. Et puis, une fois que le film démarre, on se retrouve à la tête d'une armée, comme un général en campagne, dans la furie du tournage ! Quinze décisions à prendre à la minute, et cela pendant cent jours ! J'ai passé sur "Bon Voyage" des mois extraordinaires avec une équipe et des acteurs extraordinaires.
L'avenir
Aujourd'hui, le film que je vois est mieux que celui que j'avais dans la tête. Le mouvement des âmes s'accorde à ceux de la caméra, l'intime se mêle au général, la caméra devient un personnage. Je suis fier de la mise en scène de ce film. Il me semble que c'est ce que j'ai fait de plus abouti. Et puis, comme je l'ai dit, les personnages me touchent pour beaucoup de raisons. Ils ont été magnifiés par les acteurs. Je suis venu vers eux avec mes bagages, et les acteurs les ont remplis avec leur cœur. Ils se sont installés chez moi, et la maison est devenue grâce à eux plus grande encore que je ne l'avais rêvée. Je ne sais jamais ce que je vais faire après. Je n'ai jamais eu un film d'avance, je suis trop complètement dans celui que je suis en train de faire. Le film est toute ma vie, je suis le film vivant, et cela dure jusqu'au moment où le film est dans les salles... Aujourd'hui, je suis dans l'attente. J'espère qu'en voyant "Bon Voyage" les spectateurs recevront tout l'amour, la passion, le travail que nous y avons tous mis.