Sonia, jolie black, mariée, quatre enfants, est aide familiale dans sa cité.
Le jour où elle marie sa fille, le ciel lui tombe sur la tête.
Robert, son voisin de palier octogénaire, est son seul recours.
Plus blanc que lui, difficile de trouver. Plus serviable non plus, d'ailleurs…
Mais dans la vie rien n'est gratuit. Sauf le hasard, si on sait en profiter.
Aide-toi, le ciel t'aidera…
Avec : Félicité Wouassi, Claude Rich
Fiche complèteAide toi, le ciel t'aidera
Réalisateur : François Dupeyron
Sortie en salle : 25-11-2008
Avec :
Félicité Wouassi, Claude Rich
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Bande annonce
- 92 min
- France
- 2008
- 1.85
- Dolby SRD
- Visa n°118.851
Synopsis
Sonia, jolie black, mariée, quatre enfants, est aide familiale dans sa cité.
Le jour où elle marie sa fille, le ciel lui tombe sur la tête.
Robert, son voisin de palier octogénaire, est son seul recours.
Plus blanc que lui, difficile de trouver. Plus serviable non plus, d'ailleurs…
Mais dans la vie rien n'est gratuit. Sauf le hasard, si on sait en profiter.
Aide-toi, le ciel t'aidera…
Crédits du film : © ARP 2008
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Fiche artistique
Sonia Félicité Wouassi
Robert Claude Rich
Suze Elisabeth Oppong
Victor Ralph Amoussou
Fer Jean-Jacques Ido
Marijo Mata Gabin
Georges Mamadou Dioume
Christie Fatou N'Diaye
Sylvain Karim Kermaoui
Mme Docase Renée Lecalm
Mr Docase Raymond Gil
Lise Jacqueline Dufranne
Mourad Jérôme Ravaudet
Inspectrice de Police Carole Franck
Prêtre Luc Leclerc du Sablon
Policier 1 Erik Forcinal
Policier 2 Thierry Lyautey
Invité mariage Mickael Makindo
Nelson 3 ans Enzo Strebler
Joueur PMU 1 Sabri Labidi
Joueur PMU 2 Rachid Hannou
Tranquille Virgile Fouilou
Beur 1 Sofiane Tayeb
Beur 2 Sofiane Amari
Monsieur Marcel Cuvelier
Brendel Jean Marc Salines
Facteur Demba Thiam
Fiche techniqueRéalisateur François Dupeyron
Scénario et dialogues François Dupeyron
Son Jérôme Thiault
Décors Patrick Durand
Costumes Catherine Bouchard
Montage Dominique Faysse
Mixage Gérard Lamps
Casting comédiens Brigitte Moidon
Scripte Chantal Pernecker
Maquillage Nathalie Louichon
Coiffure Marie Pierre Hattabi
Directeur de production Yvon Crenn
Produit par Michèle et Laurent Pétin
Une production ARP
Avec la participation de Canal +
et le soutien du Centre National du Cinéma et de l'Image Animée
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François
DupeyronQuel est le chemin qui vous a conduit à écrire, puis à filmer cette histoire ?Au tout début, il y a un film que je revois, pour le plaisir d'écouter un peu d'anglais, et parce que j'ai envie d'une comédie. Je tombe par hasard sur "Quatre mariages et un enterrement". Je suis séduit par la gaieté qui s'en dégage, j'ai envie de légèreté. Là nait la première idée ; une scène de mariage, durant lequel une femme pleure, et on croit qu'elle pleure de joie, mais c'est le contraire. Avant cela, déjà, j'avais dans la tête cette image des rues de Paris où on croise des vieux, hommes ou femmes, blancs, accompagnés par des jeunes femmes
noires ou beurs. C'est comme ça aujourd'hui, c'est un fait de société. Et puis, il y a la banlieue. Rouch, dans "Chronique d'un été" commençait son film par un des premiers micro trottoir de l'histoire du cinéma : "Est-ce que vous êtes heureux ?", il demandait aux passants. Aujourd'hui, c'est en banlieue qu'il irait. La banlieue, on en a toujours parlé. Les tours, les terrains vagues sont toujours là, autour des villes.Ce sont des zones où on va quand on fait de la fiction, pas seulement parce qu'elles sont à problèmes, mais parce qu'elles sont indéfinies, riches de non-dits, et d'une jeunesse qui ne se reconnaît pas ailleurs. C'est la marge, et la mettre en lumière est vital, puisqu'elle va venir nourrir et modifier le centre. Alors j'ai ce personnage de femme noire, encore jeune, qui vit dans une cité en banlieue, dont le mari est plus âgé, et qui a des enfants. L'homme ne travaille plus, les enfants sont dans des économies parallèles, illégales, et la femme fait ce qu'elle peut. Elle multiplie les boulots et fait tenir la famille, humainement et financièrement. En banlieue, dans les cités, se côtoient deux groupes d'exclus : des fils, des petits fils d'immigrés, de nouveaux immigrés et des vieux blancs de blancs. C'est l'autre fait de société… Alors, en plus de tenir une laverie, la jeune femme noire s'occupe des vieux… aide familiale, on dit aujourd'hui. J'en suis là de mes idées quand quelqu'un me reparle de la canicule de l'été 2003, de tous ces vieux auxquels on va s'intéresser… trop tard ! Je vais sur internet et je revois des images terribles, j'avais oublié, Raffarin en vacances avec son polo noir qui
se veut rassurant, l'urgentiste affolé disant "mais c'est très grave !"…. 14 000 morts tout de même ! Et ce type d'images, c'est très déclencheur…Donc, vous décidez de cumuler les sujets qui font peur : les noirs, les vieux, les cités, la canicule…Moi, ce qui me fait peur, c'est que le choix de Harry Roselmack pour présenter le 20 heures devienne une affaire d'état… En revanche, aller vers les sujets que d'autres ont peur de traiter ne me gêne pas. J'ai déjà fait ça avec "Inguelezi", "La Chambre des Officiers"…Mais vous n'avez pas peur de tomber dans les clichés avec des personnages comme l'adolescente enceinte, le fils ainé dealer, le cadet casse-cou…Ces personnages ne sont des clichés que si vous tombez dans la caricature. Je ne pars pas avec des idées toutes faites, le point de départ c'est un ressenti. J'incarne les personnages, je me mets dans leur peau. Et puis, vous savez, le propre d'un film
d'auteur, c'est qu'en réalité, l'auteur ne sait pas ce qu'il fait. Il croit raconter une histoire, et c'est une autre qui apparait. Moi, je veux faire une comédie à l'italienne, je travaille, je fais le film, et au montage, je vois qu'il y a quelque chose de l'air du temps que j'ai dû capter.Et vous étiez certain de trouver les acteurs pour incarner ces personnages ?Je sais que si j'ai écrit ces personnages, ils existent forcément, et que je trouverai des acteurs, professionnels ou pas, pour les incarner. Je me dis toujours : "Si je l'ai écrit, c'est qu'il existe quelque part". Alors, avec Brigitte Moidon, on fait un large casting, et là, tout est affaire d'intuition. Quand quelqu'un franchit la porte, il faut être aux aguets, et se fier à ce qu'on ressent. Après, la suite corrige ou non ce sentiment. Mais avant tout il faut suivre son intuition.
Mata Gabin, je l'avais faite tourner dans "Monsieur Ibrahim", je savais que c'était une femme généreuse, joyeuse, énergique. Félicité, je l'ai découverte au théâtre dans une pièce mise en scène par Roman Polanski. Elle avait un petit rôle, mais son charisme était évident. Elle entrait sur scène, et l'écoute de la salle changeait. Sa présence dégageait quelque chose, une force. Et son personnage est une femme qui a de la force, du courage, une vraie mère courage. Pour le père, il n'y a pas beaucoup d'acteurs noirs dans la soixantaine, car on leur a offert trop peu de rôles, heureusement qu'ils ont eu le théâtre, Brook, Mnouchkine, Serreau… Pour, Fatou N'Diaye, qui joue la fille ainée, celle qui se marie, ou pour Jacky Ido, l'amant, ils appartiennent à la génération qui va avoir de beaux rôles, des choses à dire, des idées à défendre.Comment ont-ils réagi à la lecture du scénario ?Félicité m'a dit dans un grand rire : "C'est totalement politiquement incorrect !". Mais certains dans la communauté noire, acteurs ou non, ont eu peur. On m’a dit : "Un gars comme celui qui traîne à la laverie, ça n'existe pas, il n'y a pas de clodos noirs comme ça." D’autres : "Le mari âgé, c'est pas possible, chez les noirs il n'y a pas de pères violents". Jacky Ido m'a dit que c'est sa mère qui a insisté : "Ils sont comme ça et il faut le dire. Les noirs sont des gens normaux qui ont les mêmes défauts que les autres". Quand on veut montrer une image parfaite d'une communauté, on se trompe. Je pense qu'il faut être totalement libre avec ça. Eux ne le sont pas toujours.La cité du film ressemble à un village…Moi je ne fais pas ce film pour parler de la cité. Je veux parler de problèmes humains, d'une famille, et des individus qui la forment. Donc, je les filme là où ils habitent. Et une cité, c'est un village, un lieu où tous les gens se connaissent. C'est parce que je ne suis pas venu pour filmer la cité qu'on a évité l'aspect sociologique, donneur de leçons. Le danger, si on décide de traiter de la banlieue, c'est d'y projeter ses idées, ses a priori. Moi, je n'ai rien projeté du tout, j'ai suivi mes personnages là où ils vivent. Bien sûr, le film dit des choses là-dessus. Dans "La Chambre des officiers", on ne montrait pas la guerre, mais elle était là, tout le temps. C'est ce que je disais : on raconte une histoire, et une autre apparait….Comment vous a-t-on accueilli aux Mureaux, dans la cité où vous avez filmé ?La cité, on n'y rentre pas comme ça. C'est la réalité. Il y a des médiateurs qui font le lien. Dans les cités vivent des gens qui se retrouvent en marge, comme coupés du monde. Si on arrive de l'extérieur, la réaction est violente. Tout comme était violente la réaction des paysans quand ils voyaient les parisiens qui débarquaient à la campagne dans les années soixante. Donc, ces médiateurs ont une fonction de passeurs entre le monde extérieur et la cité. Ils ont une autorité, physique et morale. Bien sûr ils ont voulu savoir, ils m'ont testé sur mes intentions, ce qui est tout à fait normal. On a choisi les Mureaux en partie parce qu'Yvon Crenn, notre directeur de production, y était déjà bien introduit. Et puis surtout, on a travaillé avec les gens de la cité. Les Mureaux s'est avéré être un décor très juste, parce que pas trop emblématique. Clichy sous Bois, par exemple, est une cité "très esthétique", mais justement, ça ressemble tellement à ce qu'on attend qu'on tombait dans le cliché.Il y a une grande fluidité dans la mise en scène de ce film…"Inguelezi" a beaucoup compté de ce point de vue. Je m'étais offert la liberté de tout essayer, et cela m'a libéré.Avant, j'avais tendance à faire ce que je pensais qu'il "fallait faire". Avec "Inguelezi", j'ai appris qu'on peut tout faire, s'affranchir de toutes les règles, que j'avais le droit ! Ce film, je l'ai vraiment mis en scène avec une liberté que je ne m'autorisais pas auparavant.Sur le plateau, vous ne dites rien aux acteurs, juste "On la refait".Presque rien… Je crois que cela ne sert à rien de trop dire. On risque de bloquer l'acteur, de le pousser à fabriquer. Quand je refais, c'est aussi pour moi, pour la mise en scène. Au fil des prises, je cherche une harmonie à l'intérieur du plan, une alchimie entre le cadre, la lumière, les acteurs...On tourne, et je tourne autour du pot, puis soudain ça y est, c'est en place. Si la scène est bien écrite, si on est dans le bon décor, c'est mon travail de mettre les acteurs en situation de trouver leur gestuelle, car là ils seront justes. Je dois les y emmener. Alors je les mets dans la zone, je ne dis rien, je regarde ce qu'ils font, là aussi, c'est l'intuition qui prime. Au fil des prises, un truc se dessine, je pousse dans cette direction. Si ça marche, tant mieux, sinon, je cherche ailleurs.C'est la première fois que vous travaillez avec Claude Rich…Claude est un acteur qui n'a jamais peur de rien. Il travaille énormément avant le tournage, il décortique les dialogues, il en mâche les mots, il se les approprie. Ce qui est passionnant, c'est qu'avec lui, immense professionnel, c'est pareil qu'avec un débutant : il y aura toujours une prise (chez lui, c'est généralement une des premières) qui sera meilleure que les autres. Malgré son expérience, malgré le travail, il invente, il se lance, il prend des risques, et la magie apparaît. Il a réussi à conserver cette liberté.Le film terminé, qu'est-ce qui apparaît dont vous n'aviez pas conscience en le faisant ?Je trouve qu'il swingue bien. Quand il y a une scène avec un instant de déprime, j'arrive à ne pas m'y appesantir, j'en ressors plus vite que dans mes films précédents. C'était d'ailleurs difficile à jouer pour Claude et pour Félicité. C'est très fort ce qu'elle fait, car elle a souvent peu à faire, à dire, mais elle réussit toujours à faire passer une dignité. Quand je vois le film aujourd'hui, comme toujours, je suis surpris que des éléments très disparates de mon esprit arrivent à former un bout de vie. Ça tient, c'est une vraie famille, une tranche de vie crédible, ça n'a pas l'air fabriqué. A l'arrivée, je suis très loin de "Quatre mariages et un enterrement" ou de la comédie à l'italienne, pour arriver à une autre forme qui a trouvé sa cohérence. Et en regardant le film terminé, je me dis : "Ah bon, c'était donc ça qu'il fallait que je raconte ?". C'est quelque chose d'organique, c'est le propre d'un film d'auteur, l'auteur est un autre. Et, comme le dit Claude Rich dans le film : "C'est excitant…". -
Félicité
WouassiVous n'aviez jamais rencontré François Dupeyron avant ce film ?Je connaissais son travail. J'avais été scotché par "Drôle d'endroit pour une rencontre", j'avais trouvé "Un coeur qui bat" magnifique, mais je ne l'avais jamais croisé. Il m'a surpris physiquement. Je m'attendais à rencontrer un grand bonhomme costaud, bourru, alors qu'il est le contraire : fin et timide... Quand j'ai reçu le scénario, je l'ai lu le soir même d'un trait et j'ai aussitôt appelé François dans un grand éclat de rire. Ce scénario faisait écho à tout ce qui m'a nourri. J'ai grandi avec le cinéma italien des années soixante-dix que mon père adorait. En lisant cette histoire j'ai pensé à "Affreux, sales et méchants", "Les nouveaux monstres", "L'argent de la vieille"... Tout cet univers-là m'est revenu. Sauf que c'est super difficile d'avoir ce ton-là aujourd'hui. Moi j'ai un rire un peu cruel, j'ai été éduqué comme ça. Je nomme les choses : j'appelle un vieux le vieux, un aveugle l'aveugle... Aujourd'hui, l'époque est tellement politiquement correcte qu'on a changé de mots. On dit les personnes âgées, les non-voyants, les personnes de couleur… Alors ce que je lisais dans ce scénario me faisait du bien. A chaque page, je me disais : "Non, là, il ne va pas oser… Et bien si, il ose!". C'était vraiment jubilatoire, et ça correspond tout à fait à ma philosophie de la vie. Si on ne peut pas rire des douleurs, de tout ce qui fait mal, alors autant se flinguer tout de suite !Vous étiez surprise qu'il s'intéresse à une famille noire ?Je ne me suis jamais posé la question. Dans cette famille ils auraient pu être beurs, métissés, que sais-je ! Rien dans son écriture ne ramène à la couleur de peau, ni à la cité d'ailleurs. Marie-Jo pourrait être de n'importe quelle race, indienne, ou blonde décolorée, ou avoir la gouaille d'un titi parisien, ce qu'on retient, c'est son tempérament. Ce qui est raconté, c'est le quotidien d'une famille.Votre personnage, Sonia, n'a que des ennuis, pourtant elle tient le coup, elle ne craque jamais…Peut-être que la raison est toute simple : elle vit dans la précarité. Cela change le regard. Ce n'est pas une femme dont la vie solide s'écroule soudain. Sa vie, elle tangue, plus ou moins selon les jours. Donc, dans cette situation, à chaque jour suffit sa peine, et on prend les problèmes l'un après l'autre. Si elle soulevait son sac de problèmes, elle n'y arriverait pas, le sac serait trop lourd. Donc, elle assure au jour le jour. Demain, on ne sait pas ce qui peut arriver. Réglons déjà les problèmes d'aujourd'hui. La précarité change le regard qu'on porte sur le quotidien. Quand le film démarre, elle a un souci après l'autre : elle prépare le mariage de sa fille ainée, son fils se fait serrer, puis son mari claque tout leur argent, puis son autre fils prend le risque de tomber dans le vide, et voilà que son autre fille est enceinte... Quelle journée ! Mais elle détricote tout ça par ordre d'urgence. D'abord je sors mon fils de chez les flics pour qu'il aille au mariage de sa soeur. Ensuite, je m'occupe du mari. Là, je le cache, pour l'enterrement, on verra demain…Ma fille est enceinte de 7 mois. C'est trop tard pour faire quoi que ce soit, donc on verra dans deux mois… Elle va d'une urgence à l'autre, elle n'a pas le choix, c'est une question de survie.En même temps, ce n'est pas une "Mère courage"…Elle l'était un peu trop dans le scénario. Moi je la voulais moins gentille. Elle élève quatre enfants toute seule, quand même ! Peut-elle se permettre de pleurnicher sur ses problèmes ? Elle n'a pas le temps ! Mais elle est énergique, costaud, et elle peut aussi être violente. Quand elle engueule son fils cadet parce qu'il a failli se tuer, elle agit comme n'importe quelle mère. Elle a eu très peur. Donc, une fois qu'elle a vérifié que son fils va bien, qu'il n'a rien, elle l'engueule ! En plus, avec le mari qu'elle a eu, qui visiblement la tabassait, elle serait morte si elle avait été trop douce et gentille. Donc j'ai voulu que Sonia ait sa part d'ombre aussi, qu'elle ne soit pas toujours sympathique. Je voulais éviter qu'on se dise : "Oh, la pauvre…". Donc j'ai veillé à la rendre moins lisse.Comment analysez-vous son comportement avec Robert, que joue Claude Rich ?Quand Sonia va chez lui , c'est comme une bulle, une soupape. Chez lui, elle se pose, chez lui on ne crie pas, tout est calme, posé. Dans la vie, tout est échange, alors Sonia lui donne mais elle reçoit aussi. Robert lui fait sentir qu'elle est belle, qu'elle est femme. Il lui fait prendre conscience de son corps, de sa beauté. Soudain, chez lui, elle n'est plus une mère ni une aide familiale, elle devient une femme qu'on peut aimer. Sonia n'a jamais le temps de s'occuper d'elle, Robert lui révèle sa féminité. Elle découvre qu'elle peut inspirer de l'amour. Je crois que sans Robert elle n'aurait pas osé aller avec Fer. Robert prétend qu'il lui fait du chantage, mais elle n'est pas dupe. Déjà physiquement, il n'a pas de prise sur elle. Si elle le bouscule il tombe ! Elle sait très bien qu'il se cache derrière ce chantage parce qu'il n'a pas le courage d'avouer qu'il veut la voir nue.Elle est souveraine quand elle déboutonne sa robe....Moi je l'ai imaginé presque comme une divinité qui regarde ce fragile humain qu'est Robert. Elle n'est jamais salie par son regard, parce qu'il n'est jamais salace. C'est un très vieux monsieur fragile, démuni, qui est passé à coté de sa vie, qui soudain veut vivre avant de partir, et pour lui, vivre c'est toucher la peau de quelqu'un…Claude Rich dit que votre regard l'a aidé à jouer…Tant mieux, parce qu'on n'a rien d'autre à donner que le regard !!! Son regard sur moi m'a aidé aussi. C'est un homme délicieux, délicat…Travailler avec lui était aussi une bulle pour moi en tant que comédienne. Avec lui, on n'improvisait pas, on ne cherchait pas comme avec les autres acteurs, on ne prenait pas les mêmes risques. Avec lui, le jeu était plus carré, plus posé. C'était écrit comme ça, il y avait cette rupture de ton, de jeu, de rythme, entre mes scènes avec les autres et mes scènes avec lui.Comment voyez-vous Fer et Marie-Jo ?Fer semble être le pendant de Sonia. Comme elle, il a l'air costaud, solide. Sa force à lui, c'est sa dérision. Elle sait qu'avec lui, rien n'est grave. Il a de l'humour dans chaque situation. Lui aussi, tout comme elle, mais sans jamais le dire, il pense qu'il y a toujours une solution.. Elle peut compter sur lui. Sur le plateau, c'était pareil pour moi. Je n'avais pas besoin de faire attention à Jacky Ido, je pouvais foncer, je savais qu'il se débrouillerait toujours… Je suis contente de voir que dans le film, on est en harmonie, on a le même rythme. Sonia et Marie-Jo sont les deux côtés d'une même pièce. Marie-Jo, c'est la face lumineuse, alors que Sonia est la face sombre. Elles ne se ressemblent pas mais elles se complètent. Marie-Jo n'est pas dans le concret mais elle est positive, elle a la patate. Elle n'est pas très responsable mais elle est toujours joyeuse. Elles vont bien ensemble. Marie-Jo adore Sonia, mais elle la secoue tout le temps : "Bouge-toi, rigole !". Et Sonia se laisse beaucoup porter par Marie-Jo. Je suis contente que ce soit Mata Gabin qui joue le rôle. Une fille aussi drôle, sexy et futée ? Il n'y avait que Mata pour incarner cette femme là ! C'est un magnifique personnage.Comment avez-vous vécu le tournage ?C'était tout ce que j'aime, on était dans une grande liberté. On a fait un sacré boulot en sept semaines. François et Yves ont fait des plans incroyables. Une fois passées les scènes du mariage, par lesquelles on a commencé, je me suis sentie libre de proposer des choses différentes à chaque prise, c'était plutôt jubilatoire. François et Yves, sur le plateau je les appelais Dupont et Dupont. Ils étaient indissociables, et très exigeants. Je guettais le regard des deux. Il n'est pas très bavard, Yves Angelo, comme souvent les chefs opérateurs. Il est très rigoureux, il ne fait pas de cadeaux, ni aux autres ni à lui-même. Il est super exigeant. Il cherche toujours comment on pourrait faire mieux. François parle très peu aux acteurs. D'ailleurs, il disait tout le temps : "Moi je ne dis rien". En même temps, il t'use jusqu'à la corde pour avoir ce qu'il veut ! "On recommence". Et on recommençait, jusqu'à ce qu'on le sente satisfait. C'est un film sur lequel on a tous pris des risques, et relevé des défis. Quand je vois le film, je me dis qu'on les a gagnés. On n'a pas filmé une cité, mais une famille. Et j'y crois, à cette famille qui est sur l'écran. C'est une famille lambda, qui vit petitement. Une vraie famille d'aujourd'hui. -
Claude Rich
Vous aviez déjà rencontré François Dupeyron avant de faire ce film avec lui ?J'avais rencontré François Dupeyron dans un avion en rentrant d'Amérique, et nous avions beaucoup parlé. J'adorais déjà ses films. J'ai découvert un homme à la sensibilité très émouvante. J'ai été séduit par sa modestie, et la façon dont il parlait de notre métier. Quelques années plus tard, il m'a proposé de jouer Robert dans "Aide-toi, le ciel t'aidera". Le lendemain matin je lui ai téléphoné pour lui dire combien j'étais content et heureux de travailler avec lui.Il vous a beaucoup parlé du personnage ?Il m'a simplement dit que c'était un très vieux monsieur un peu bizarre, qui vivait dans une grande solitude. Un homme étrange, pas triste, aux idées surprenantes pour un monsieur si sérieux.Vous n'avez pas eu peur de ce rôle ?Au contraire ! Ce personnage est très nouveau pour moi. Je le trouve émouvant, un peu dégoutant, mais tellement excusable… Cette femme le transforme. Il se réveille, il la découvre un beau matin comme s'il ne l'avait jamais vu. Il devient jaloux, enfantin, ose ce qu'il n'a peut-être jamais osé de sa vie. Félicité Wouassi est si belle et son regard est si fascinant que je le comprend aisément.Comment êtes-vous entré dans la peau de ce personnage ?Il y avait plusieurs façons de le jouer. D'abord, trouver le costume. Propret, modeste, un pauvre vieux sans beaucoup de moyens. Ensuite il fallait trouver une façon de marcher, de tenir son corps, afin qu'il ne soit pas trop en équilibre. Il fallait tituber un peu, pour donner ce sentiment d'être un très vieux monsieur. Et puis il y a la façon de s'exprimer. Il sait précisément dans sa tête ce qu'il veut dire, mais il le dit de façon un peu embrouillée. Il n'est pas gâteux, mais sa pensée, il l'exprime par petites touches. Et sa pudeur fait qu'il parle en tournant autour des choses. C'est comme s'il faisait des cercles concentriques qui petit à petit se resserrent autour de ce qu'il veut dire. C'est très clair dans sa tête, mais c'est plus flou quand il s'exprime. Moi je suis un peu pareil dans la vie, je ne suis pas immédiatement très précis. C'est un personnage très malicieux, aussi. Et comme le scénario ne contenait pas trop de descriptions précises, j'ai eu le sentiment de pouvoir l'inventer un peu. La difficulté, c'est que je n'ai pas tourné toutes mes scènes en bloc. J'avais un jour de tournage, puis je repartais et je revenais tourner dix jours plus tard. Donc c'était parfois délicat de le retrouver, à l'identique…François Dupeyron parle peu à ses acteurs sur un plateau…Oui, il ne donne pas d'indications trop détaillées, et cela me convient. Alain Resnais est comme ça aussi. François Dupeyron fait confiance à son casting. Il choisit attentivement ses acteurs, et ensuite il vous confie le personnage. Alors après une prise, s'il ne dit rien, je me jette à l'eau et j'essaye d'autres choses jusqu'à ce que je sente dans son regard si c'était assez ou trop, que je devine son approbation. Cela a été un tournage vraiment très agréable. Ce texte était passionnant à dire. Il fallait que je trouve la pensée derrière les mots, que je rende clair ce qu'il essaye d'exprimer. On voit que c'est un écrivain qui a tourné le film.Aujourd'hui, qu'est-ce qu'il vous reste de ce
personnage ?J'ai beaucoup aimé ce vieil homme. Il est en moi,
maintenant…
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Critiques
- Une fiction passionnante, avec Claude Rich au sommet de son art.
Le Point - Une comédie ensoleillée.
L'Express - Une vitalité transgressive à l'égard de sujet.
Les Inrocks - Le ton adopte la note juste, naturelle et grave.
L'Humanité - Ce feelgood movie à la française puise dans l'irresistible féminin.
Positif - Une comédie chaleureuse, bariolée, vivante, qui a du rythme et de la fantaisie.
Le Figaroscope - Conte moderne politiquement incorrect. Félicité Wouassi est la révélation du film de François Dupeyron
Métro - Une éloge du bon côté de l'existence.
Le Monde
- Une fiction passionnante, avec Claude Rich au sommet de son art.
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Récompenses
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Cérémonie des César 2009
2 nominations -
COLCOA Film Festival 2009
En Compétition -
Lumières de la presse étrangère 2009
Prix du meilleur réalisateur -
Etoiles d'Or de la presse du cinéma français 2009
1 nomination
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Cérémonie des César 2009
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