Franck vit depuis 10 ans en marge d’un club de foot de province.
Il connait bien les joueurs et les protège autant qu’il les surveille.
Un soir il rencontre Salomé, belle et ambitieuse, qui jette son dévolu sur un ancien champion venu finir sa carrière au club.
Avec : Franck Gastambide, Alice Isaaz
Fiche complèteLa surface de réparation
Réalisateur : Christophe Regin
Sortie en salle : 17-01-2018
Avec :
Franck Gastambide, Alice Isaaz
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Bande annonce
- 94 min
- France
- 2017
- 2.39
- 5.1
Synopsis
Franck vit depuis 10 ans en marge d’un club de foot de province.
Il connait bien les joueurs et les protège autant qu’il les surveille.
Un soir il rencontre Salomé, belle et ambitieuse, qui jette son dévolu sur un ancien champion venu finir sa carrière au club.
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Fiche technique
Réalisateur et scénariste Christophe Regin
Image Simon Beaufils
Montage Fréderic Baillehaiche
Décors Pascale Consigny
Directeur de production Christophe Grandière
Costumes Vincent Garson
Musique Para One
Producteur exécutif Florence Diez
Producteurs Marie-Ange Luciani
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Christophe
RéginComment le cinéma est arrivé dans votre vie ?Avec « Un monde sans pitié », qui est certainement le grand film générationnel de ceux qui ont atteint la quarantaine récemment. Je l’ai découvert en cassette VHS quand j’étais en terminale. Le personnage qu’incarne Hippolyte Girardot, une sorte de glandeur charismatique et séduisant, est entré en résonnance avec le garçon que j’étais ou que je voulais être à cette période de ma vie.
Choisir Hyppolite Girardot pour incarner une figure quasi-paternelle dans « Une surface de réparation », c’était une façon de faire écho à cette période de ma vie et de ma cinéphilie, de me confronter à cet anti-modèle contre lequel, comme Franck, le héros de mon film, j’avais besoin de me révolter, pour passer à l’âge adulte.
Quand avez-vous commencé à faire des films ?En entrant en fac de cinéma, j’ai réalisé mes premiers courts-métrages. Des histoires de losers attachants, dans un esprit assez proche des films de Kaurismaki ou de Kitano, mes grandes influences d’alors. Mais à l’époque, mon désir de faire des « vrais films » restait encore assez vague. C’est quand j’ai intégré La Fémis que l’idée est devenue plus concrète. Pour autant, j’ai passé le concours en production car j’avais fait un stage dans une boîte de production auparavant et ça m’avait plu. Mais je me suis vite rendu compte que je n’étais pas du tout fait pour ça. Il n’y avait qu’écrire et réaliser qui m’intéressait.D’où vient l’idée de ce personnage qui vit dans l’ombre d’un club de foot ?Quand j’avais une vingtaine d’années, je jouais dans un club non loin du Parc des Princes, le stade du PSG, dont la majorité de mes coéquipiers étaient supporters. L’un d’eux avait eu l’occasion d’entrer au centre de formation de ce club, avant de voir brutalement les portes se refermer devant lui, comme l’immense majorité des candidats. Il m’a fasciné parce qu’il y avait chez lui quelque chose de « pas fini ». Lui qui avait grandi au pied du stade était incapable de s’en détacher. Il s’acharnait à en rester un satellite, en devenant un supporter fanatique, mais aussi un vendeur de places à la sauvette ou de maillots récupérés je ne sais comment.
Mon premier court-métrage, « Adieu Molitor », racontait déjà un personnage d’ancien footballeur reconverti en homme à tout faire pour son club.
Le foot est un terreau de fiction extraordinaire, à condition de l’aborder par ses marges et ses personnages périphériques, qui tentent chacun à leur manière d’avoir une part du gâteau. Le film est anti-spectaculaire, à contre-courant de l’image qu’on a de ce milieu. Je ne suis jamais sur le terrain, toujours dans les coulisses. De l’extérieur, le foot fait rêver, mais de l’intérieur, c’est plus complexe et parfois souvent douloureux…Dans le film, Franck vit dans les coulisses du FC Nantes. Il est à la fois espion pour un dirigeant, intermédiaire des joueurs, chaperon des plus jeunes…Franck est parvenu à devenir un maillon essentiel du club, tout en n’en faisant pas vraiment partie. Cette place à la marge, c’est sa fierté et sa force, mais aussi son drame, car elle l’empêche de faire le deuil de ses rêves de jeunesse et de se projeter dans une vie d’adulte.
Je voulais raconter un personnage tiraillé entre cet univers réputé pour ses dérives en tout genre, et des valeurs comme la fidélité, le collectif, le travail, sur lesquelles il s’est construit. Des valeurs qu’on lui a inculquées lorsqu’il était apprenti footballeur et qu’il tente de transmettre aux jeunes du club avec plus ou moins de succès…
Et puis il y a aussi une certaine pudibonderie chez lui, un côté janséniste « le sexe et l’argent c’est sale », qui fait qu’il se considère presque comme la conscience morale du club, méprisant les écarts des joueurs.Des gens comme Franck, qui vivent aux crochets des clubs et des joueurs, il y en a beaucoup ?Énormément. Il y a ceux qui abordent les joueurs aux alentours du centre d’entraînement ou dans les lieux qu’ils fréquentent pour leur proposer toutes sortes de services ou d’affaires. Mais surtout, les joueurs ont souvent un ami, membre de la famille ou ancien partenaire, qui vit avec eux pour leur tenir compagnie, et s’occuper de leurs affaires courantes.
Je trouve passionnant les liens qui peuvent se nouer dans cette cellule où celui qui a réussi peut rémunérer un proche pour juste être avec lui, lui rendre des services. Et où les deux parties y trouvent leur compte.
C’est cette relation d’interdépendance que j’interroge de façon un peu détournée dans le rapport entre Franck et Yves. Même si son affection pour Franck est sincère, Yves le maintient à une place où il lui est utile, l’entretient et le conforte dans son rôle de gardien du temple, mais l’empêche aussi de se construire. Et Franck, même s’il aspire à mieux, se complaît dans cette situation confortable, dans l’illusion que sa vie est là.Vous avez tout de suite pensé à Franck Gastambide ?Je l’avais repéré dans la mini-série « Kaïra Shopping », que je trouvais très drôle, et qui faisait écho à mes personnages qui tentent de faire leurs affaires à la marge. Pendant l’écriture du scénario, j’essayais de l’imaginer dans le rôle, je suivais ce qu’il faisait au cinéma ou à la télévision. Dans mon milieu, beaucoup de gens ne l’identifient pas, alors qu’auprès du grand public, c’est une star. Il a un truc assez unique dans le paysage audiovisuel français. Il n’est pas fait d’un seul bloc. Il roule un peu des mécaniques, tout en restant très touchant. Il peut être très élégant, le costume lui va à merveille, mais il a gardé un truc un peu ado.
Quand mon directeur de casting a lu le scénario, il m’a tout de suite dit : « Ton rôle, tu l’as forcément écrit pour Franck Gastambide ! » Il le connaissait et lui a passé le scénario. Franck a tout de suite été emballé à l’idée de jouer ce personnage, notamment parce qu’il fait écho à des choses qu’il a lui-même vécues. C’est quelqu’un qui ne vient pas du sérail. Il s’est fait tout seul, il a commencé comme dresseur de chien. Il a bouffé pas mal de cailloux et énormément travaillé pour en arriver là où il en est aujourd’hui. Autant de choses qui, je crois, transpirent dans sa façon d’interpréter ce personnage.Et comment décririez-vous Salomé ?Salomé est un personnage qui s’est aussi construit à la marge de ce milieu, sauf qu’elle n’est pas dupe du monde dans lequel elle évolue. Elle prend sans rougir la place qu’elle peut s’offrir. Quand Salomé entre dans la vie de Franck, elle agit comme un détonateur. En même temps qu’elle fait naître chez Franck la possibilité de l’amour, elle lui fait prendre conscience de la vanité et de la fragilité de sa place.
J’avais découvert Alice Isaaz dans « Elle » de Paul Verhoeven. On a fait des essais et j’ai été totalement convaincu par la justesse de sa proposition et la maturité de son jeu. Elle parvient à donner au personnage de Salomé une dimension romantique et enfantine, avec pourtant quelque chose de très dur, presque tragique. Elle a une photogénie assez exceptionnelle, elle me fait un peu penser à
Sharon Stone jeune.Comment avez-vous choisi celui qui incarne Djibril?J’avais remarqué Moussa Mansaly dans un court-métrage. J’ai appris ensuite qu’il avait eu une petite carrière dans le foot avant de devenir comédien. Une connaissance du milieu et notamment des rapports de rivalité entre footballeurs, qui lui a permis d’emmener le personnage de Djibril dans une dimension plus subtile et complexe.Quelles étaient vos références cinématographiques, pour réaliser ce film ?J’avais évidemment à l’esprit des films où les personnages ont une place et un rapport marginalisés au monde qui les entoure. Je pense à « Mélodie pour un tueur » de James Toback, « Macadam Cowboy » de John Schlesinger ou encore « Goodbye South Goodbye » de Hou Hsiao Hsien, l’un de mes films cultes…
Les dilemmes moraux et amoureux que rencontrent les personnages dans les films de James Gray, « Un coeur en hiver » de Claude Sautet, ou encore « Police » de Maurice Pialat, dont l’histoire d’amour me bouleverse à chaque fois que je le revois, m’ont aussi beaucoup inspiré.
J’aimais bien l’idée de mêler des influences diverses, de mélanger des genres, d’emprunter par exemple aux codes de la comédie romantique en les teintant de la mélancolie de certains films noirs.Comment avez-vous travaillé avec votre chef opérateur ?Avec Simon Beaufils, on a cherché comment dépasser la démesure de cet univers du football en la filmant à hauteur d’homme, mais en tenant à le magnifier dans le regard du personnage de Franck qui ne vit que pour ce monde.
Je tenais à ce que le film soit juste dans sa description du milieu et des sentiments des personnages, sans tomber dans un traitement trop naturaliste. C’est pour ça que l’on a choisi le scope, avec des optiques anciennes, un travail spécifique sur les couleurs et les lumières pour donner à cet univers une dimension presque fantasmatique.
Je voulais aussi une image qui ait du grain, du vécu, pour donner corps à la mélancolie de Franck, le tout dans une ambiance hivernale.Pour quelles raisons avez-vous situé le décor du film à Nantes ?Je tenais à ce que l’action se déroule dans une ville de province ordinaire, avec un cadre plutôt bourgeois. Surtout pas une ville avec un passé footballistique trop fort cumulé à une grande identité ouvrière, comme Lens ou Saint-Étienne.
Il fallait que la géographie des lieux soit répétitive, car le quotidien de Franck s’articule toujours autour des mêmes endroits : le centre d’entraînement, le stade, le café des supporters, les entrées de boîte de nuit. Il a une connaissance et une maîtrise parfaites de ces lieux et de leurs faunes, mais il n’en fait jamais tout à fait partie. Il vit dans un appartement qui n’est pas le sien, « travaille » au centre sans y être salarié, il connaît les stadiers mais vend des places à la sauvette… Il n’est ni vraiment dedans, ni vraiment dehors. Il n’y a qu’avec sa vieille voiture, vestige du temps où il était encore un espoir du club, qu’il fait corps. C’est aussi son poste d’observation, d’où il peut surveiller les agissements des unsLa fin du film est ambiguë…Tant mieux ! Moi je la trouve à la fois sereine et mélancolique. Mais je laisse au spectateur le soin de décider s’il la trouve triste ou heureuse…
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