Mon premier est une mite (exaspérante).
Mon second est un muet (énigmatique).
Mon troisième est une maison (inquiétante).
Mon tout est un film, en forme de fantaisie, sur le soupçon et son contraire : la confiance.
Avec : Victoria Abril, Jean-Pierre Darroussin
Fiche complèteCause toujours
Réalisateur : Jeanne Labrune
Sortie en salle : 28-07-2004
Avec :
Victoria Abril, Jean-Pierre Darroussin
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Bande annonce
- 97 min
- France
- 2003
- 1.85
- Dolby SRD - DTS SR
- Visa n°108.681
Synopsis
Mon premier est une mite (exaspérante).
Mon second est un muet (énigmatique).
Mon troisième est une maison (inquiétante).
Mon tout est un film, en forme de fantaisie, sur le soupçon et son contraire : la confiance.
Crédits du film : © Art-Light Productions - ARP - France 2 cinéma - Rhône-Alpes Cinéma
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Fiche artistique
Jacinthe Victoria Abril
Bruno Jean-Pierre Darroussin
Léa Sylvie Testud
Laurent Didier Bezace
Le droguiste Dominique Besnehard
Judith Claude Perron
Emmanuel Blasquez Richard Debuisne
La femme aux moucherons Michèle Ernou
Le patron de café Jean-Guillaume Le Dantec
Fiche techniqueDistribution artistique figuration Maguy Aime
Direction de production Jean-Paul Battaggia
Scripte Anne-Marie Garcia
Distribution artistique figuration Dan Berthier
Régisseur adjoint Stéphane Guillemet
Régisseur général Philippe Morlier
Régisseur adjoint Christian Paire
Production exécutive Art-Light Jean-Luc Denechau
Administrateur de production Vincent Stevenel
Administrateur de post-production Jean-Marc Balmayer
Secrétaire de production Caroline Paulin
Secrétaire de production Françoise Baranger
Directrice de post-Production Véronique Marchand
Making-of Sébastien Rousset
Assistante à la mise en scène Fabienne Chauveau
Montage son Jean-Pierre Laforce
Coproducteurs Michèle et Laurent Pétin
Distribution artistique rôles Stéphane Foenkinos
Réalisation, scénario, dialogues Jeanne Balibar
Dialogues Richard Debuisne
Image Christophe Pollock
Une coproduction ART-LIGHT PRODUCTIONS – ARP France 2 Cinéma – Rhône Alpes Cinéma
Avec la participation de CANAL + De la Région Rhône-Alpes Du Centre National de la Cinématographie Et de TPS STAR
Producteur exécutif Gérard Martin
Décors Gabriel Cascarino
Costumes Claire Fraïsse
Montage Anja Lüdcke
Montage Eric Devulver
Montage son Pierre Choukroun
Musique originale composée, orchestrée et dirigée par Bruno Fontaine
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Jeanne
LabruneOrigine.Un matin , j'ai trouvé mon appartement envahi par des animaux volants non-identifiés. Bruno Fontaine m'a offert une boîte de pièges pour les éliminer. Un autre jour, je me suis inquiétée devant Richard Debuisne de ma manie exterminatrice. Comme je lui disais qu'il serait peut-être temps pour moi de reprendre une tranche d'analyse, il m'a tendu une tranche de melon. C'était l'été. Deux moucherons voletaient autour du fruit. Mites-Moucherons-Soupçons- Obsessions- Contamination… L'écriture est née de tout cela, par libre associations. Richard est entré dans le jeu lui aussi, avec son humour taquin.De la mite au muet.Notre époque est malade du soupçon. Phobie de la pollution, des germes, de l'étranger, de la guerre bactériologique, du terrorisme, du virus informatique. L'ennemi serait partout : à côté de nous et en nous. La peur nous est inoculée par mille signaux. C'est devenu un mode de gouvernement qui pourrait nous paralyser, favoriser l'esprit de délation aux dépens de la curiosité, nous priver de toute liberté d'action et de création. Dans le film c'est une mite, anodine, qui catalyse l'inquiétude. Cette inquiétude diffuse se déplace ensuite, à la faveur du hasard, vers un muet, celui qui ne "communique" pas, n'explique rien, qui se contente d'être là, puis de disparaître. Dans un monde où chacun se méfie d'autrui, celui qui ne se méfie pas, ne se justifie pas, et qui est sans doute le moins dangereux de tous, peut devenir celui dont on se méfie le plus. Quand la méfiance devient loi, la confiance devient d'une inquiétante étrangeté. Notre société est ravagée, "mitée" par le soupçon… qui n'a rien à voir avec le doute.
Le doute porte sur soi, le soupçon sur les autres.Rire.Tout ce que je viens de dire n'est pas drôle. Et pourtant ça le devient dès qu'on s'amuse à faire douter du soupçon, dès qu'on joue avec lui. C'est ça le film. L'humour y interroge la peur et la déjoue. L'humour est un bon démineur. Je ne propose pas au spectateur de rire de personnages au-dessus desquels je me placerais, bien au contraire, ils me font miroir de mes propres comportements. Si le film suscite le rire, c'est un rire qui s'adresse aussi à nous-mêmes. Nos vies sont tissées de délire, d'excès, de malentendus, d'ambiguïtés, d'incongruités. La crainte que nous avons secrètement du monde, celle qu'on nous inocule et qui ravive la peur qu'autrui nous inspire, nous fait commettre plus d'un faux pas. La conscience qu'on a de faire des faux pas, la réalité des faits qui nous rattrape, c'est ce qui nous ramène à la vie, à l'ironie sur nous-mêmes, à la liberté . Quand tout le monde prend le rythme du faux pas, sans un seul couac, ou plutôt dans un couac généralisé… on sait ce que cela donne…A propos de musique.Le langage est une musique, parfois répétitive, à cause des thèmes contemporains, obsédants. Mais chaque personnage a sa propre tonalité, ses thèmes, ses leitmotivs et des contradictions, qui sont comme des syncopes musicales provoquant des surprises. Le silence participe du langage et de sa musique. Dans le film, le langage, l'abus de langage parfois, se trouve questionné par le silence du "Muet" qui est une autre forme de langage.Film muet.J'introduis dans le film, par esprit d'espièglerie, un film muet autour du Muet. Dans le silence de la maison à la campagne, ce sont les images qui deviennent "parlantes" pour l'imagination du spectateur. Elliptiques, elles produisent de l'énigme. Des pistes visuelles sont proposées pour que chacun puisse se faire librement "son cinéma". Donner assez d'éléments pour imaginer mais pas assez pour comprendre. A partir de toutes les phobies dont lui-même est porteur, à partir de la culture cinématographique dont il est plus ou moins consciemment dépositaire, le spectateur doit pouvoir, comme les personnages, devenir méfiant et légèrement paranoïaque ou demeurer simplement curieux du piège cinématographique qui lui est tendu. Le film muet qui se glisse dans le récit, et qui le structure, raconte, entre autres choses, que toute réalité est sujette à interprétation, que tout n'est qu'une histoire de regard et de point de vue. C'est précisément ce qu'est le cinéma, une histoire de regard, une histoire de point de vue.Vie et cinéma.La vie au cours d'un film est souvent contaminée par le propos du film. Sur le tournage de ce film, j'ai eu peur et j'ai douté. Parce que je l'ai produit, parce que j'étais en terrain inconnu, sinon étranger. Puis cette peur m'a fait rire. Il y a eu aussi la confiance. Quand Michèle et Laurent Pétin m'ont proposé de coproduire le film et de le distribuer, j'ai senti qu'une relation directe, libre de toute méfiance était possible entre nous . Il y a eu le goût réciproque de s'aventurer ensemble. Ça a été une belle rencontre.Acteurs et personnages.Ce qui me touche le plus dans les êtres, c'est leur capacité à rester libres. C'est sans doute aussi ce qui me guide dans mes choix d'acteurs. Tous ceux qui jouent dans ce film ont cela en eux : le goût du risque et de la liberté.Victoria Abril / Jacinthe.Victoria est concrète, précise, énergique. Sur le tournage, je lui parlais surtout de ce que je ne voulais pas, pour capturer ce qu'elle proposait. Victoria a de la puissance et sans doute une très grande fragilité qui me touche d'autant plus qu'elle la cache. Elle joue le rôle d'une femme solide en apparence mais qu'un rien peut ravager. Comme tous ces personnages englués dans l'air du temps, de persécutée, elle pourrait devenir persécutrice. Après avoir exterminé les mites avec méthode et acharnement, elle se trouve une autre occupation : retrouver son amie disparue. Au-delà du prétexte : le désir de vivre une vie plus aventureuse, en se faisant peur.Jean Pierre Darroussin / Bruno.Depuis quatre films, nous avançons ensemble. Il dit souvent avoir du mal à mémoriser nos dialogues mais il leur apporte beaucoup : il les travaille avec des silences et des hésitations qui lui sont très personnels, ce qui les rend plus audibles et plus humains. Son personnage est celui d'un homme inquiet qui tente de se rassurer en raisonnant. Parfois il raisonne juste mais sur des bases qui sont fausses, c'est ce qui peut faire sourire. Parfois il s'en rend compte mais il jouit de sa mauvaise foi. Parfois il a tout simplement raison .Didier Bezace/ Laurent.La première fois que j'ai rencontré Didier, j'ai eu le sentiment que c'était un acteur inquiet, angoissé. Quand il se met à jouer, toute cette tension se transforme en délire. Il ramasse son angoisse, celle de nos textes aussi, pour en faire une chose un peu folle, pleine d'excès, de fêlures. Il m'étonne. Le personnage qu'il joue est un solitaire qui joue par procuration.Claude Perron/ Judith.Je lui trouve un visage de madone mais avec une voix étrange et des expressions du corps et du visage qui démentent ce côté pictural. Elle est à Jacinthe ce que Laurent est à Bruno, l'amie intime et la confidente. Nous avons parfois besoin d'un comparse pour faire des actes déraisonnables. C'est comme si la folie que nous partageons avec l'autre nous donnait raison.Sylvie Testud/ LéaElle dégage un air de liberté, de droiture et d'énergie retenue. J'ai tout de suite pensé à elle pour Léa. Et puis elle a ce regard clair et lumineux, intense, qui "parle" immédiatement. Un regard ouvert, qui peut se durcir avec franchise et qui n'a jamais rien de fuyant. Léa est un personnage libre et sincère qui agit par intuition. Elle n'est pas contaminée par la peur. C'est l'énergie du film. Elle entraîne, malgré elle, tout le monde dans son sillage, bouleversant les habitudes, créant une sorte d'effervescence qui rend la vie plus vibrante.Richard Debuisne / Le muet.Nous écrivons ensemble. Il dégage, au cinéma comme dans la vie, quelque chose de très singulier . C'est une présence mystérieuse, calme et sensible. Au fond il est très précisément l'acteur qui me manquait pour faire passer dans mes films, en un seul personnage, la capacité d'aimer tout en demeurant étonné et "détaché". C'est à mes yeux le comble de l'élégance. Le personnage du Muet m'a été inspiré par lui. Dans la vie, il parle très peu et pourtant il dit beaucoup. Dans le film il est ce personnage qui inquiète parce qu'il est hors norme. Il pourrait devenir un bouc-émissaire. Le vide qu'il crée dans un monde plein de codes en fait un porte-fantasmes pour les autres. Mais comme il n'éprouve aucune peur, il ramène les autres à l'essentiel et leur redonne le goût de la confiance.
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Critiques
- Jeanne Labrune organise une piquante chasse à l'homme. Le film forme un tout crépitant d'intelligence, d'humour et d'humanité.
Libération - "Cause toujours" a d'autres charmes, comme la beauté de ses images et de sa musique et, bien entendu, la qualité de ses comédiens.
Le Parisien - Elle dit des choses justes, Labrune. Sur notre propension à vivre par procuration , sur les apparences, forcément trompeuses, sur le silence, trésor rare... Les acteurs s'amusent beaucoup et nous avec eux.
Première - Troisième volet de le trilogie de fantaisies imaginée par Jeanne Labrune, Cause Toujours en est sans doute l'épisode le plus abouti.
TéléCinéObs
- Jeanne Labrune organise une piquante chasse à l'homme. Le film forme un tout crépitant d'intelligence, d'humour et d'humanité.