J. Abbott, M.
Achbar, J.Bakan
Comment le film a-t-il pris naissance ?
Joël Bakan: J'ai rencontré Mark en 1997, à la réception qui suivait un enterrement. Nous étions tous deux au buffet et nous nous sommes mis à discuter. J'avais écrit mon premier livre : Just words, sur les limites des droits de l'homme. Je pensais en écrire un sur les relations fondamentales et comment la loi contribue à leur formation. L'une des institutions centrales, évidemment, c'est l'entreprise et ça devait constituer une grande partie du livre. Mark voulait faire un film sur la mondialisation. Nous nous sommes dit qu'il serait intéressant de regarder l'entreprise comme une institution : j'allais donc écrire le livre et nous allions simultanément mettre le film en route.
Comment s'est déroulée cette mise en route ?
Mark Achbar : Nous avons mis au point un projet et nous l'avons envoyé à de nombreuses personnes. La NFB l'a rejeté pour des raisons financières. La CBC l'a également refusé, tout comme d'autres grandes chaînes. De toutes façons, nous n'aurions pas pu avoir de meilleur financement que celui obtenu quand nous avons vanté notre projet à Banff en 1999.
Que s'est-il passé ?
Mark Achbar: C'était la première fois que Joël et moi présentions le projet ensemble. A ce moment-là, nous savions ce que nous voulions dire et nous commencions à savoir qui nous voulions interviewer. Nous avions déjà contacté quelques personnes. Nous avions élaboré l'idée de l'entreprise comme psychopathe, nous avions quelques histoires sur la privatisation et la déréglementation et nous savions que nous allions nous intéresser aux relations entre les être humains dans l'entreprise et l'entreprise elle-même. Nous avions une structure de base. J’avais vraiment besoin de Joël pour vendre le projet avec moi. C'est un professeur titulaire d'une bourse, il est brillant.
A Banff, vanter les mérites d'un projet, ça prend à peu près cinq minutes. Si vous tenez ce temps, vous pouvez considérer que c'est un succès. Nous nous sommes assis devant trois personnes, représentant des diffuseurs et des producteurs, et nous avons fait un speech de quarante-cinq minutes qui a sembler les enchanter.
Joël, qu'avez-vous fait pour faire la différence ?
Joël Bakan : J'ai fait une bonne présentation. Je suis avocat, je sais comment convaincre ! En parlant à ces personnes, j'ai ressenti des hésitations. La présentation les passionnait, mais ils n’étaient pas immédiatement prêts à nous financer. Un des trois type nous a carrément demandé: "C'est très intéressant, mais qu'allons-nous voir à l’écran?"
Je remercie ces trois personnes d’avoir cru qu'on serait capables de rendre tout ça visuel, de nous avoir fait confiance. Je ne suis pas réalisateur. Je ne sais pas comment on fait un film. Mark et Jennifer le savent. Quand Jennifer Abbott, la monteuse, nous a rejoints et que notre collaboration a commencé, nous avons enfin dépassé le stade d'idées, d'arguments et d'histoires pour créer quelque chose qui soit aussi plaisant à regarder.
Pendant que vous cherchiez des fonds, que devenait le projet ?
Mark Achbar : J'ai fait un gros travail préliminaire dans la phase recherche tout en développant le concept avec Joël. J'avais assisté à plusieurs conférences au Forum International annuel sur la Mondialisation, ainsi qu'à plusieurs forums et j'avais fait des interviews préliminaires d'une dizaine de personnes, sur une mini caméra DV. Nous avions beaucoup de bande. Seulement trois minutes de ce tournage préliminaire ont fini dans le film.
Une fois que nous avons eu le budget, je n'ai pas utilisé la même tactique qu'avec Peter Wintonick, sur Chomsky, les médias et les illusions nécessaires. La stratégie était alors : trouver un peu d'argent, tourner, monter; retrouver de l'argent, tourner de nouveau, monter de nouveau.
Avec The Corporation, je voulais avoir le financement au départ. Cela permet
d’établir une esthétique globale pour le film.
Etait-ce une bonne stratégie ?
Mark Achbar : Mes sentiments sont mitigés. C'était frustrant de travailler pendant trois ans et demi sans commencer le tournage. Mais, quand on a eu le financement, on avait le sentiment d'avoir atteint notre but, mais je me sentais au bout du rouleau alors qu'évidemment, ça ne faisait que commencer.
Avez-vous défini un style pour les interviews ?
Mark Achbar: Mon instinct me poussait à filmer avec un écran bleu ou vert pour plus de flexibilité en post-production. Nous avons commencé avec deux caméras, une à quatre-vingt-dix degrés sur le profil de la personne, et l'autre, en face. Je voulais aussi que les personnes s'adressent directement à la caméra. C'est bien plus engageant.
Je me suis donc inspiré la technique qu’utilise Errol Morris dans ses films, mais en plus rudimentaire, j'ai imaginé un miroir en partie en argent, à quarante-cinq degrés devant la caméra. L'interviewé parle à la caméra, mais il voit mon visage en surimpression, donc il n'est pas conscient de l'objectif. On pouvait se regarder dans les yeux, et communiquer silencieusement pendant qu'il parlait.
Je trouve le résultat plus subtil. La qualité des interviews est intéressante. C'est intime, détendu et les protagonistes ont trouvé bien plus facile de parler face à face avec une personne, plutôt qu'à un froid objectif de caméra. Il me suffisait de sourciller ou de pencher la tête pour leur demander, en silence, de continuer ou de clarifier. Leur gestuelle silencieuse, l'expression de leur visage, qui m'était adressée est désormais adressée au spectateur. C'est plus stimulant à regarder, je crois.
Qui a dirigé les entretiens ?
Joël Bakan: J'ai commencé mais j'ai traversé une crise personnelle et j'ai dû arrêter.
Mark Achbar: Et puis, d'une certaine façon, Joël était trop intelligent pour diriger les interviews. Il amenait les sujets à un trop haut niveau intellectuel pour le grand public. D'autre part, comme il savait exactement ce qu'il voulait, il posait ses questions comme un avocat et obtenait donc souvent pour seule réponse : "oui ou non".
Joël Bakan : Mark est tout le contraire : il veut entendre l'histoire de l'interrogé. Et c'est une qualité appréciable chez un interviewer.
Comment un groupe de cinéastes radicaux arrive à faire parler des ex-présidents de Goodyear et de Royal Dutch Shell ?
Joël Bakan: On ne leur dit pas que je suis un professeur de gauche, mais que je suis titulaire de la bourse de Rhodes et professeur de droit, et que Mark est un réalisateur primé. Dans la lettre qu'ils ont reçue, nous n'écrivions pas : "Je suis un réalisateur de gauche et un professeur de droit activiste social qui voudrait vous interroger sur votre entreprise."
Evidemment, mais vous avez tous deux une histoire. Ces personnes pouvaient trouver vos noms sur Internet, par exemple. Avez-vous essuyé des refus ?
Mark Achbar : Bien sûr. Pour réussir à avoir ces gens-là, nous avons engagés Dawn Brett. C'est une journaliste indépendante, et aussi notre productrice associée. C'est la plus forte négociatrice que je connaisse. Avec des gens difficiles d'accès, elle n'a eu aucune difficulté à décrocher son téléphone pour avoir une conversation sérieuse qui présentait le film très honnêtement. On ne peut pas mentir quand on négocie un contact. Elle persuadait les gens que c'était dans leur intérêt d'être dans le film. A l'écouter, si on n'était pas dans le film, on perdait beaucoup.
Le premier tiers du film est centré sur la personnalité d'une entreprise. Vous faites beaucoup référence à la psychiatrie. Qui a eu l'idée de la psychopathologie de l'entreprise ?
C'est le fil conducteur de mon livre. C'est fait d'une manière brillante et très vivante dans le film. En faculté de droit, vous enseignez à vos étudiants que l'entreprise est une personne. Vous leur enseignez aussi que selon son principe d'exploitation, elle doit servir son propre intérêt. J'ai réuni ces deux idées – n'oubliez pas que je suis diplômé de psychologie – et je me suis demandé : "Quel genre de personne n'est programmé que pour servir son propre intérêt ? Pour ne pas se soucier des autres, pour ne pas ressentir de culpabilité ?" C'est un psychopathe. Vous apprenez ça en première année de psycho.
Ce film-polémique est tiré d'un livre qui s'écrivait en même temps que le film se tournait. Comment avez-vous adapté les idées pour le film ?
Jennifer Abbott: J'étais convaincue que la narration de base devait être menée par les interviews, qui devaient suivre la thèse de Joël. J'ai donc commencé par les interviews, la narration principale qui allait donner le rythme, l'impact émotionnel et la trame narrative. Il m'a fallu tout d'abord lire les 800 pages de transcription des interviews et les ordonner. Les interviews choisis ont été numérisés en un montage préliminaire de 33 h. J'ai retravaillé les interviews pour que leur contenu soit engageant. Puis, je me suis sentie plus à l'aise quand on a atteint les séquences secondaires. Mark en a tourné de magnifiques qui donnent au film une belle qualité visuelle.
Mark Achbar: Ça fait drôle d'appeler ça "séquences secondaires", aujourd'hui. Beaucoup de monteurs commenceraient par ça. Mais Jennifer refusait d'y toucher, malgré mes encouragements. Elle pensait que le texte, représenté par les interviews, devait d'abord être structuré.
Jennifer Abbott: En plus des interviews, on avait des joyaux d'archives. On avait des séquences vérité, comme Tom Klein, le vice-président de Pfizer. La narration était basée sur les interviews, mais d'autres séquences ont beaucoup apporté au film.
Tout au long du film, vous utilisez des métaphores visuelles. C'est en partie ce qui rend le film si efficace. Comment vous est venue l'idée de la "pomme pourrie", qui lance si bien le film ?
Mark Achbar: Il m'arrive d'enregistrer des images hors antenne de manière obsessionnelle. Lors des scandales Enron et Worldcom, je sentais qu'il fallait que je capture ça. J'ai du accumuler 30 h d'images, rien qu'autour de ces scandales.
J'ai relevé une phrase constamment prononcée : "pomme pourrie". Il y avait débat : était-ce une seule pomme, ou tout un cageot ? On a rassemblé tout ça et c'est devenu le début d'une grande cueillette de pommes.
Il y a aussi la question de la représentation de l’entreprise en métaphore…
Mark Achbar: Nous avions cette idée en tête quand nous procédions aux interviews. On a demandé à chaque PDG et à chaque critique leur métaphore d'une entreprise. C'est devenu un test de Rorschach, ils projetaient leur système de valeurs sur leur métaphore. Les PDG utilisaient l'imagerie positive d'une équipe de football, d'une famille travaillant ensemble, d'un aigle qui s'élève. Les critiques utilisaient Frankenstein, et plein d'autres monstres.
Il y a beaucoup de personnages dans ce film. Comment avez-vous choisi ceux qui sont restés dans le montage définitif ? Quelles histoires vous le plus interpellées ?
Jennifer Abbott: On avait tous trois beaucoup d'idées. Joël a classé la première liste de personnes interrogées. Nous en avons interrogé 70 et nous en avons gardé 40 dans le film.
C'est l'un des plus gros défis de ce genre de travail. Le film tourne autour de questions, de textes, qui seront dans le livre de Joël. Comment faire un film de quelque chose qui n'est pas une histoire ? C'est une grande question. Au moment des sélections, l'histoire des journalistes de Fox, Steve Wilson et Jane Akre, était un choix évident : c'est à la fois divertissant et engageant.
Pensez-vous que l'histoire de Akre et Wilson soit exceptionnelle ? Même les chaînes d'informations choc reculent devant de solides reportages d'investigation ?
Jennifer Abbott: C'était important pour moi de montrer que ce n'était pas un cas isolé.
On a supprimé une autre histoire racontée par les journalistes de Fox, une histoire analogue qui est arrivée à un autre journaliste avec Dow Chemical. J'aurais aimé qu'on la garde, mais c'était une digression, même si elle permettait de montrer que ce n'était pas un cas isolé.
Joël Bakan: Quand on fait un film, il ne faut pas perdre de vue l'histoire dramatique. Vous n'avez pas le choix. On y est parvenus avec les journalistes de Fox. Dans la première partie du film, on a développé l'idée que le profit a la priorité sur toute autre valeur. J'espère que le spectateur comprendra que ça arrive dans toute entreprise, toute organisation, qui fonctionne pour le profit. Le profit entrera en conflit avec la vérité. C'est inévitable.
Mark Achbar: Je crains que cette histoire soit bien plus normale qu'on ne pense. Vous pouvez être sûr qu'il y a tous les jours des pressions pour que des histoires soient modifiées. Ce qui est rare, c'est que deux journalistes s'y opposent. Leur courage est exceptionnel. Tout comme leur volonté de rester fidèles à leurs principes. Le manque de soutien qu'ils ont reçu de la part de leurs collègues est honteux.
En contraste, l'histoire de Ray Anderson, PDG d'Interface, est édifiante. C'est un homme, dirigeant une société d'un milliard de dollars qui fabrique des moquettes, qui a changé d'avis sur la responsabilité sociale de l'entreprise. Comment avez-vous réagi à cette histoire ?
Jennifer Abbott: Ray Anderson m'a sidérée. Il raconte sa révélation, son changement de modèle. C'est une des stars du film. C'est un homme d'entreprise qui a réalisé qu'il devait se soucier de l'environnement.
Pour structurer le film, il fallait que je trouve des histoires où les interviewés faisaient des révélations, sur eux-mêmes ou sur leur expérience, avec un impact émotionnel.
Joël Bakan: On a eu des désaccords. Comment traiter Ray Anderson fut l'un d'eux. Jennifer et Mark ont pris la décision, et maintenant je suis d'accord, de faire de lui un héros, ou une star. On pouvait lui poser toutes les questions, même les plus gênantes, comme par exemple : "Que faites-vous de votre main d'œuvre ? Comment avez gagné 200 millions de dollars sans toucher à la terre ? Avez-vous licencié ? Avez-vous baissé les salaires ? Vos rapports avec les syndicats ?" On ne sait jamais rien de tout ça.
On connaît sa position sur l'environnement. Mais on ne sait rien des autres externalités. Je ne dis pas qu'il est bon ou mauvais, je ne connais pas la réponse. C'est un homme merveilleux et sincère, mais il se demande sûrement si ça décision est viable. Sa solution, c'est de continuer à posséder les tapis qu'il fabrique et de les louer. Puis lui, en tant que propriétaire, à tout intérêt à les entretenir, pour qu'ils ne s'abîment pas trop vite. Ce sera bénéfique à l'environnement.
C'est une thèse qui remonte à Adam Smith et qui perdure grâce à Michael Walker à l'Institut Fraser : si les gens possèdent des choses, ils ne leur feront pas de mal. En tant qu'universitaire, je contemple cette idée et je dis : "Je ne suis pas trop d'accord avec cette idée, je ne crois pas que ça marchera." Mais pour le film, on ne fait pas ça. A la place, on préfère se concentrer sur les aspects positifs de ce qu'il fait et sur sa sincérité.
Jennifer Abbott : Dans le film, il y a une chose qui met Ray Anderson au dessus des autres personnes qui parlent de responsabilité sociale. Dans son interview, il dit : "Si on ne peut pas faire de la moquette d'une manière renouvelable, nous n'avons pas notre place sur cette terre." Il veut dire : "Si on n'y arrive pas, on arrêtera." Il s'est engagé vers quelque chose de totalement nouveau. On a beaucoup parlé de Ray Anderson parce que je trouvais que son impact émotionnel était très fort, il se révèle tellement. D'autres hommes d'affaires devraient faire comme lui. C'était très important pour moi qu'on le présente comme un homme d'espoir. On ne veut pas que les gens sortent de ce film complètement désespérés.
Joël Bakan: En voyant le film, j'ai finalement trouvé que c'était le bon choix. Ça montre la différence entre un film et un livre : Anderson joue un tout petit rôle dans le livre, alors qu’il est la star du film. Son appel était cinématographique. Son regard, ses yeux, son accent à la Jimmy Carter. Quand ce n'est qu'un texte, on voit plus clair dans son jeu.
Mark Achbar: J'aime que ce soit un homme d'entreprise, qui donne un point de vue critique et une perspective environnementale, mais je ne pense pas qu'on le présente comme une réponse aux problèmes soulevés par le film. S'il faut compter sur les révélations qui frapperaient peut-être les PDG dans le monde, on n'est pas sortis de l'auberge. Le film, j'espère, le suggère assez clairement.
La présence d'un espion d'entreprise, Marc Barry, est très surprenante. Il risque de ruiner sa carrière. Pourquoi a-t-il fait ça ?
Jennifer Abbot: Il voulait faire la promotion de son livre ! N'oubliez pas : Marc Barry est un champion du déguisement. Il a plein d'apparences différentes. Avec ses différents personnages, sa carrière n'est pas finie. Pour nous, il a été parfait. Il s'est montré bien meilleur qu'on pouvait le souhaiter.
Quels sont vos espoirs pour le film ?
Mark Achbar: Je pense qu'il va faire couler beaucoup d'encre. Ce sera très gratifiant. On ne peut pas prédire à quoi servira le film.. Ça dépendra de la créativité du public, des organisateurs. C'est modulaire, avec un énorme potentiel éducatif pour des groupes de lecture des médias, entre autres. Le film a déjà été programmé dans un programme de responsabilité sociale, dans une université de Seattle. L'école de commerce Ivey veut développer un programme de quatre jours sur le film.
Mais la question porte surtout sur le potentiel de changement social. Je pense que notre but commun est de montrer l'institution de l'entreprise sous un nouveau jour. Nous n'avons pas encore beaucoup de retour, mais des personnes nous ont dit ne plus regarder les enseignes des entreprises de la même façon.
Jennifer Abbott: L'un de mes buts, c'était que les spectateurs s'interrogent sur cette chose étrange qu'est l'entreprise. J'espère que les gens ressortent plus forts et motivés pour agir. Le site web sera très utile pour répondre aux questions du public. Il montrera ce que certains activistes font sans donner de conseil sur le chemin à suivre. Il y aura des liens vers des organisations dans le monde entier.
Joël Bakan: Un grand critique social, Karl Marx, a dit que la compréhension du monde est la première étape vers son changement. On a pris une institution qui a été réifiée et dans ce projet, on a dit que c'était faux : c'est une institution que nous avons créée. Dès que j'ai commencé à étudier l'entreprise, en tant qu'étudiant en droit, j'ai été frappé par la bizarrerie de cette institution. Je me demandais comment une civilisation éclairée avait pu créer cette chose, et lui donner tant de pouvoir. Dans le film et dans mon livre, on a politisé l'entreprise, pour pouvoir en parler dans notre débat politique. Pour moi, ça suffit. Nous ne sommes pas des consommateurs, mais des citoyens. On peut considérer l'institution de l'entreprise comme quelque chose que l'on peut changer.