C’est l’histoire d’une rencontre, entre un jeune homme blanc qu’on prend pour un loser et qui tente de survivre dans un New York qui ne veut pas de lui, et une « famille » de danseurs noirs et queer de Harlem adeptes du « voguing ». Parmi eux, il y a une fille superbe. Mais voilà, elle n’est pas seulement une fille superbe.
Lien:www.siruela.com/autores/
Avec : Fionn Whitehead, Leyna Bloom
Fiche complètePORT AUTHORITY
Réalisateur : Danielle Lessovitz
Sortie en salle : 25-09-2019
Avec :
Fionn Whitehead, Leyna Bloom
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Bande annonce
- 102 min
- Etats-Unis
- 2019
- 1.85
- 5.1
- Anglais
- Français
Synopsis
C’est l’histoire d’une rencontre, entre un jeune homme blanc qu’on prend pour un loser et qui tente de survivre dans un New York qui ne veut pas de lui, et une « famille » de danseurs noirs et queer de Harlem adeptes du « voguing ». Parmi eux, il y a une fille superbe. Mais voilà, elle n’est pas seulement une fille superbe.
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A propos
Festival de Cannes 2019 - Un Certain Regard
Festival de Deauville 2019 - Compétition
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Fiche artistique
Paul Fionn Whitehead
Wye Leyna Bloom
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Danielle
LessovitzVous avez commencé par écrire pour d’autres cinéastes. Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?Mon travail sur « Mobile Homes » (2017) m’a appris à ne pas avoir peur de l’histoire. J’ai appris à laisser l’histoire prendre forme, sans trop essayer de la contrôler. En termes de savoir-faire, plus vous écrivez, meilleur vous devenez. L’expérience permet de s’améliorer, d’aller chercher plus loin, et de gagner en précision.Comment vous est venue l’idée de « Port Authority » ?Cela s’est fait de manière progressive. Je pense que chaque artiste exploite son subconscient, dans une certaine mesure. Je réfléchis beaucoup sur les sujets du genre et de la famille. Il y a environ dix ans, Antony and the Johnsons a interprété une chanson de Leonard Cohen intitulée « If it be your Will ». Cette idée d’une personne qui s’abandonne à un amour romantique indéfini et noble m’a vraiment marquée. Peu de temps après, j’ai déménagé à New York pour y faire une école de cinéma, et j’ai fini par accepter mon homosexualité. À la même époque, j’ai été confrontée au suicide de mon père, ce qui était infiniment douloureux. Peu de temps après, ma petite amie et moi avons été invitées à un « Kiki ball », un ballroom de voguing LGBT. J’ai été fascinée par les danseurs, par leur façon de s’exprimer, avec énormément de force, mais aussi de vulnérabilité. Cela m’a vraiment secouée. C’était comme si leur esprit avait transcendé leur corps. J’ai découvert ces familles qui se sont choisies. J’ai trouvé ça très puissant. Comme si soudain quelqu’un m’avait montré une façon totalement différente de voir les choses. En rentrant à pied de cette soirée, j’ai raconté à mon amie comment je verrais la structure de l’histoire qui allait devenir « Port Authority » et cela lui a beaucoup plu. Il m’a fallu encore un an avant que j’essaye de l’écrire. Puis environ deux ans d’écriture et de recherche.Pourquoi avez-vous choisi de démarrer le film à Port Authority, cette station de bus de New York ?Port Authority, pour moi, c’est un symbole de New York. C’est un lieu sans racines, où des gens de différentes cultures se croisent. C’est aussi un lieu de rassemblement pour la communauté LGBTQ. Les gens y viennent pour essayer d’avoir une vie meilleure.Vous montrez New York de façon intime, sans tomber dans les clichés visuels habituels. Comment avez-vous pensé votre manière de filmer la ville ?Il n’y a qu’un seul plan qui soit un panorama de la ville, sur le pont Kosciuszko. Le pont est en construction et on entrevoit l’horizon à peine une seconde. New York est une ville en constante mutation. Je trouve que ce sont les quartiers et leurs différentes textures qui sont pertinents à montrer, notamment Bushwick, Sunset Park, East Harlem et le Bronx, des lieux qui changent avec le temps. C’est cela qu’on ressent quand on vit à New York. Ce qui compte, c’est la façon dont les gens influencent la ville.« Port Authority » suit le schéma classique « Un garçon rencontre une fille ». Pourquoi avoir choisi cette structure narrative ?À bien des égards, il s’agit d’une histoire d’amour classique, qui inclut simplement les spécificités de ce que les gens vivent actuellement. Cela dit, le scénario était un peu plus complexe que ce que le film est devenu. Lors du montage, nous avons compris que nous devions gagner en simplicité. Nous voulions être le plus possible avec nos personnages principaux, quand ils tombent amoureux, quand la vie de Paul se désagrège, etc. J’ai compris que, plus nous simplifierions le récit, plus nous nous rapprocherions d’eux.La famille est un thème central du film. Paul est éloigné de la sienne tandis que celle de Wye est très soudée. Qu’est-ce qui vous intéressait dans cette opposition ?Nous voyons souvent des histoires de personnes issues d’une culture minoritaire qui souhaitent intégrer la culture dominante. Moi je voulais montrer le contraire. La culture des salles de ballroom est une réponse magnifique à la culture dominante aux États-Unis. Cette culture protège de la marginalisation, mais aussi de l’anonymat. Aux États-Unis, si vous ne venez pas d’une famille qui vous soutienne, comment établissez-vous une connexion avec d’autres, comment se crée votre identité ? La culture américaine peut être déshumanisante pour ceux qu’elle rejette et aussi pour ceux qui devraient en bénéficier. Je voulais montrer que, même si vous venez d’un milieu privilégié, vous ne savez pas forcément toujours qui vous êtes et comment vous épanouir. Je voulais faire honneur à cette communauté qui a réussi à ne prendre que les bons côtés de la famille et à l’incarner d’une manière différente.Comment avez-vous découvert l’existence de la culture du ballroom, et comment est née la relation entre vous et cette communauté ?Le film « Paris is Burning » fut ma première introduction, mais je n’avais pas compris que cette scène était toujours active et florissante, jusqu’à ce que je sois invitée à un « kiki ball ». Ensuite, j’ai assisté à de plus petits événements et j’ai commencé à rencontrer des gens, à les fréquenter en dehors de ces événements. Des relations se sont développées de façon organique. Nombre d’entre eux sont désormais des amis. Ils ont beaucoup de talent, dans les domaines de la mode et de la musique et nous avons souvent travaillé ensemble sur des vidéos.Comment avez-vous rencontré Leyna Bloom, qui est aujourd’hui une icône de la culture LGBTQ ?Notre directeur de casting, Damian Bao, est très impliqué dans la communauté et connaît Leyna depuis longtemps. J’ai d’abord parlé avec elle – elle était à l’étranger – puis elle est venue à une audition et ce fut une évidence. Je lui donnais la réplique en jouant le rôle de Paul et le fait d’être avec elle à cet instant précis était très puissant. Je cherchais une personne avec qui je puisse collaborer mais aussi quelqu’un qui pourrait assumer le rôle et le façonner, et c’est exactement ce qu’elle a fait. On a travaillé sur les dialogues ensemble, elle a improvisé dans certaines scènes. Son histoire est assez proche de celle de Paul, en ce qui concerne sa propre arrivée à New York et le mal qu’elle a eu à trouver un logement stable. Donc elle comprenait bien les deux personnages.Pourquoi avez-vous choisi Fionn Whitehead ?Fionn a beaucoup vécu pour son âge. Nous avons commencé par skyper, nous avons parlé des contraintes de la masculinité et de nos enfances respectives. Il semblait comprendre instinctivement d’où venait Paul et ce qu’il cherchait. Il était enthousiasmé par le sujet. Nous cherchions Paul depuis un an. Fionn s’est imposé tout de suite.Pourquoi avoir choisi de nous faire découvrir la communauté du ballroom à travers le personnage de Paul ?Je voulais que le public se sente, comme lui, extérieur à ce mouvement. On voit beaucoup de films où l’accès immédiat à une communauté marginalisée est considéré comme normal, alors je voulais fixer des limites, pour moi comme pour le spectateur. Je veux que le public découvre ce monde du point de vue de Paul et comprenne qu’il est important de demander la permission avant de l’approcher.Que pensez-vous de la représentation transgenre à l’écran ?Je pense qu’il n’y a pas encore assez de films qui permettent de représenter l’éventail des expériences trans. Mais chaque film y contribue et j’espère qu’il y en aura davantage.Que pensez-vous des rôles trans qui sont joués par les personnes cisgenres ?Dans un monde idéal, tout acteur pourrait jouer n’importe quel rôle. Cela étant dit, tant que les acteurs transgenres sont uniquement employés dans des rôles transgenres, je ne pense pas que les cisgenres devraient les interpréter.Les spécificités de la transition de Wye ne sont pas mentionnées. Pourquoi ?Pour moi et pour cette histoire, les circonstances de la transition de Wye sont hors sujet. Elle vit de manière authentique et c’est la seule chose qui compte. Paul pose la question, mais la réponse n’est jamais donnée au spectateur car elle ne regarde que Wye et Paul.Comment avez-vous décidé de représenter des corps queer et trans sans les fétichiser, en particulier dans les scènes de danse ?Nous avons choisi des objectifs et une façon de filmer qui nous lient au mouvement du corps plutôt que d’essayer de voir le corps en entier. Nous voulions être dans le corps, avec le corps plutôt qu’en dehors de celui-ci.« Port Authority » est très réaliste, tant par la façon de filmer que par les dialogues. C’était important pour vous d’être fidèle à la réalité que vous montrez ?Thématiquement, le film traite du rapport entre le réel et la fiction et de la difficulté à les distinguer. À première vue, il s’agit d’une fiction, mais c’est une fiction qui peut soit masquer soit révéler une vérité plus profonde. Je ne voulais pas que le public soit trop absorbé par les aspects fictionnels. Dans l’histoire, Paul se sent obligé d’assumer une identité qui n’est pas la sienne pour être aimé. Il veut paraître plus riche, plus stable qu’il ne l’est réellement. Pour saisir cela de façon cinématographique, je voulais simplement laisser la caméra être et ne pas chercher à trop styliser.Comment avez-vous conçu la scène de la « réalité du garçon blanc » ?Nous avons travaillé sur le scénario avec des membres de la communauté. Quand je leur ai demandé : « Quelqu’un comme Paul pourrait-il être accepté dans la communauté ? », ils ont spontanément dit : « Oui ! ». Alors j’ai demandé : « Est-ce qu’il défilerait ? ». Quelqu’un a dit : « Oui, dans la catégorie “ la réalité du garçon blanc ” » et tout le monde s’est mis à rire, parce que ce n’est pas une catégorie qui existe.
Vous avez ces catégories où l’idée est d’être assez proche de la culture dominante, ou du moins d’être aussi proche que possible de l’idéal du statut cis ou hétérosexuel. En ce sens, ce concept de « la réalité du garçon blanc » était un concept intéressant pour le personnage de Paul.Pensez-vous qu’il existe aujourd’hui un mouvement collectif contre le patriarcat et d’autres formes de discrimination ?J’ai l’impression que quelque chose s’ouvre. Les gens sont de plus en plus vigilants face aux distorsions de pouvoir dans la société. Je pense que ce film suggère que ces structures et ces normes peuvent être destructives pour ceux qu’elles servent et pour ceux qui y sont soumises. C’est important de le reconnaître. Pour être honnête, je ne sais pas si j’aurais pu réaliser ce film il y a quatre ans, simplement parce que les réalisatrices n’avaient pas autant de possibilités qu’aujourd’hui. J’ai de la chance d’être cinéaste aujourd’hui. Et j’espère que ça va continuer, parce que c’est bon pour tout le monde.
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Récompenses
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