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Wong Kar-wai
Le casting
Je choisis des gens dont le visage inspire mon imagination. J’écris en pensant à eux, je fais en sorte que leur rôle soit en harmonie avec leur personnalité. Je ne leur demande pas de jouer, plutôt d’être eux-mêmes.
Le tournage
On a tourné de nuit, ce qui est préférable à Hong Kong, car la ville est bien trop agitée de jour pour pouvoir y tourner. C’est pour cela que les habitants de Hong Kong trouvent que dans mes films, la ville est étrangement calme.
On a tourné sans la moindre autorisation, ce qui précipite la cadence du tournage et ajoute à la pression. J’aime bien ça…
L'ambiance
Je voulais que le spectateur se sente entrainé dans un labyrinthe, dans lequel il rentre sans s’en rendre compte, et dont il ne peut plus sortir. Que le film soit à la fois claustrophobique et ludique. Le film oscille toujours entre deux humeurs. C’est parce qu’il montre les deux côtés de la pièce…
Il y a beaucoup de voix « off ». A cause de leur solitude, les gens se parlent à eux-mêmes, plus souvent qu’ils ne parlent avec d’autres…
Le plastique
Le film parle de gens qui sont seuls. Ils ont peur d’entrer en contact avec l’autre. D’où l’idée de ces robes en plastique que portent les filles dans le film. Elles se protègent. Ces robes sont comme des préservatifs géants…
L'action
J’ai insisté pour que les coups de feu fassent un bruit de feux d’artifices. Pour moi, le Tueur n’est pas un héros, et je voulais pouvoir me moquer de lui.
J’ai tourné ces scènes de telle sorte que le spectateur se dise « Il nous fait un plan à la John Woo », mais tout de suite après une scène de fusillade, j’enchaine par exemple avec la scène dans l’autobus, qui casse totalement l’ambiance, et les attentes du spectateur…
Le temps
Le rythme de vie à Hong Kong est incroyablement effréné. Alors, j’ai souvent envie de ralentir les choses, d’aller à ma vitesse, de choisir mon propre temps. C’est un vrai luxe de s’arrêter, puis de revenir dans la course. C’est un des privilèges du metteur en scène. Il a le pouvoir de jouer sur le temps…