Sans nouvelles de son mari, Rekia, soixante-dix ans, quitte pour la première fois l'Algérie pour ramener Nour au village.
Mais l'homme qu'elle finit par retrouver est devenu un étranger.
Avec : Tassadit Mandi, Zahir Bouzezar
Fiche complèteParis la blanche
Réalisateur : Lidia Leber Terki
Sortie en salle : 29-03-2017
Avec :
Tassadit Mandi, Zahir Bouzezar
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Bande annonce
- 83 min
- France
- 2016
- 2.35
- 5.1
- Visa n°144.040
Synopsis
Sans nouvelles de son mari, Rekia, soixante-dix ans, quitte pour la première fois l'Algérie pour ramener Nour au village.
Mais l'homme qu'elle finit par retrouver est devenu un étranger.
Critiques presse
Un grand film humaniste : EcranLarge
Un premier film éblouissant : Courrier Atlas
Subtil et digne. D'une grande humanité. : Télérama
Un film extrêmement pudique et très émouvant : Le Parisien
Le premier film de Lidia Leber Terki retrace en finesse et profondeur les routes d’exils des corps et des âmes : L'humanité
Remarquable : Les Inrockuptibles
Crédits du film : ©2016 – DAY FOR NIGHT PRODUCTIONS
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Fiche technique
Réalisateur Lidia Leber Terki
Scénaristes Lidia Leber Terki, Colo Tavernier
Image Malik Brahimi
Montage Véronique Rosa
Musique Chloé Thévenin
Producteurs Jan Vasak, Alexandre Charlet, Virginie Sauveur
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Lidia Leber
TerkiComment le cinéma est entré dans votre vie ?Grâce à la télévision. La première fois que j’ai pris conscience de ce qu’était un réalisateur, j'avais douze ans, j’ai découvert le film de Mankiewicz,
« L'Aventure de Madame Muir » au « Cinéma de minuit », et quand j’ai vu les bougies s’allumer toutes seules, je me suis dit : « Ce n’est pas possible dans la vie… Comment on arrive à faire ça ? ». J'aurais voulu intégrer une école de cinéma mais ma famille ne considérait pas ce cursus comme étant des études sérieuses. Du coup, j’ai fait du droit que j’ai vite abandonné.
J’ai rencontré Jean Rabasse, qui était chef décorateur pour Decouflé et sur les films de Jeunet et Caro. La chance a voulu que son comptable soit celui de la boîte de films institutionnels dans laquelle j'étais commerciale. Un jour, il m’a appelée : « Viens à Nantes, il y a le film d’Agnès Varda « Jacquot de Nantes ». On a besoin de quelqu’un, j’ai pensé à toi ». J'avais vingt ans, j’ai tout lâché et j’ai commencé comme stagiaire déco. Après, j’ai enchaîné plusieurs petits boulots, à tous les postes. Je bossais avec Elzévir Films et je n’arrêtais pas de leur répéter : « Je veux faire un court ». Et un jour, Caroline Adrian me dit : « On fait un long métrage en Belgique, le matériel arrivera le vendredi pour tourner le lundi. Ce matériel, pendant ce week-end-là, il est pour toi. Ce sera dans un mois ».
J’avais déjà rédigé des choses mais quand on te dit « tu passes à l’acte » il faut être concret. J'étais sur mon balcon, super angoissée, à me demander : « Qu’est-ce que je vais raconter ? ». Alors j'ai écrit l’histoire d’une fille agoraphobe, sur son balcon qui a peur de sortir et qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Le film a remporté deux prix au festival de Pantin. Cela m'a permis de faire un deuxième court métrage, en Corse. Ensuite, j'ai mis trois ans à co-produire et réaliser « La Mirador », l'histoire d'une gamine de treize ans fascinée par son frère qui se drogue. Entre-temps, j'ai fait un autre court avec des chutes de mon premier court métrage, qui s’appelait « Mains courantes », un polar urbain où je ne cadre que les mains, qui a été sélectionné à Telluride.
Comment est né « Paris la blanche » ?Lors d’un dîner, Colo Tavernier a sorti quelques pages d'un tiroir en me disant : « Lis, ça peut t’intéresser ». Colo avait écrit cette histoire dans les années 90, inspirée par les foyers Sonacotra qui abritaient tous ces hommes qui ne peuvent plus rentrer dans leur pays. L’histoire de cette femme qui erre dans Paris à la recherche de son mari, ancien travailleur immigré à la retraite, m’a super émue.
Je venais de perdre mon père et, même si ces pages ne racontaient pas son histoire, cela m'a renvoyée à ses origines, et donc aux miennes. Algérien, né en Kabylie, sous la colonisation, mon père a épousé ma mère française à la fin des années 50. Elle a vécu en Algérie durant dix ans par amour. Je suis née là-bas. Nous sommes venus en France quand j'avais trois ans. Je suis sûrement le parfait produit de ce qu'on appelle une intégration réussie, celle de mon père, jusqu’à en oublier mes propres origines. Ma grand-mère kabyle, que j’ai peu connue, se prénommait Rekia, et c’est terrible car je l’ai appris très récemment ; alors j’ai donné son prénom au personnage principal du film.
Dans ce que me proposait Colo, il y avait aussi une histoire d'amour comme je les aime, pudique et simple. L’amour est assez rare dans les films qui traitent de l’immigration algérienne en France. Quand j’ai lu ces pages, cela a été évident pour moi qu’il fallait que je développe et m’approprie cette histoire. On ne parlait pas encore autant des Syriens. Les arrivées en Italie commençaient à peine. Je me suis dit : « C’est la même histoire qui se répète ». J'ai toujours voulu faire un film qui englobe toutes les immigrations.
Le film parle de cet espoir qu’ont tous ces gens, qui peut être un leurre, parfois un sacrifice qui dure toute une vie. Ces personnes qui quittent leur pays, leur famille, leurs parents, leurs enfants pour aller travailler ailleurs ; je ne pense pas qu’elles le font de gaieté de cœur… Je voulais le raconter et aussi raconter une histoire d'amour, en hommage à celle qu'ont partagé mes parents.
A l'écriture, qu'est-ce qui était le plus difficile à décrire ?Sa quête à elle. Je savais exactement comment j'allais filmer leurs retrouvailles, toute cette pudeur, cette sorte de complicité également, de leur vie. C'était le plus simple. Le piège, c'était la déambulation de Rekia, comment filmer le trajet de son mari qu’elle reproduit et comment filmer Paris avec le regard d'une femme qui ne connaît pas la ville. Je voulais en faire un lieu de symboles, plus que de tourisme. Et quand lui montre Paris à sa femme, il pose un autre regard, très différent, sur la ville.Comment avez-vous choisi vos lieux de tournage : le foyer à Paris et la maison en Algérie ?Je tenais à tourner dans un vrai foyer, là où on trouve les « Chibanis » (cheveux blancs en arabe dialectal). Ces gens de la première génération d’immigrés d’après-guerre du Maghreb, qu’on nomme aussi les « Invisibles » : des vieux travailleurs à la retraite qui ne peuvent plus retourner chez eux, qui ne sont plus ni d’ici, ni de là-bas, mais entre les deux, et qui sont silencieux…
Il n'y a presque plus de tels foyers à Paris. Il a fallu chercher en banlieue. Je voulais aussi montrer comment tout ce que ces hommes avaient construit était en train d'être détruit ; pour être reconstruit par de nouveaux immigrés. D'où le choix de filmer la zone d'Ivry, qui est en pleine réhabilitation avec le grand Paris. Et là, comme par magie, au bord de la Seine à Alfortville, il y a ce foyer habité, mais en phase de destruction, planté sur un terrain vague au milieu de tours fantômes qui vont être rasées très bientôt !
En Algérie, je cherchais la maison de famille qui représente la vie de cet homme, son paradis perdu à lui. Je l’ai trouvée, sur les hauteurs de Tizi Ouzou, autour d’Azeffoun, un village ancien qui surplombe la mer. L'Algérie c’est sublime, mais l’urbanisation est horrible, rien n’est terminé. Quand j'ai vu cette maison pas finie, au cœur de nulle part, je me suis dit : « Voilà, elle est inachevée, un peu comme leur vie à eux deux ».
La première scène montre les enfants de Rekia et Nour : ils ont chacun un âge qui témoigne forcément des retours de Nour au pays, l’été. Le père a sacrifié sa vie pour eux. Et quand sa femme ferme la maison, on mesure tout ce qu’il a quitté, tout ce dont il s’est éloigné ; sa famille.
Comment est né le personnage qu'incarne Karole Rocher ?Pour moi, Tara (Karole Rocher) devait représenter le regard du spectateur. Dans la vie, on croise des gens et puis on les perd de vue. Tara et sa sœur Damia (Marie Denarnaud) traversent momentanément la trajectoire de Rekia. Je voulais montrer quelqu'un qui ose aider les autres, simplement, humainement. On voit des gens par terre dans la rue, qu’est-ce qui nous empêche de leur tendre la main ? J'avais envie de le faire dans le film.
Karole était évidente pour interpréter Tara, elle a une incroyable présence et une grande sensibilité. Son personnage nous fait rencontrer des Syriens, des Soudanais, cette immigration continue, des gens qui sont encore dans l’espoir, qui voient peut-être dans cette femme algérienne qui cherche son mari, la mère qu’ils ont laissée ou la femme qui pourrait venir les chercher un jour.
Parlez-nous des retrouvailles avec le mari de l'héroïne.On a peur, comme elle sans doute, de ces retrouvailles. On se demande dans quel état il est, s'il sera à la hauteur de ce qu'elle a fait pour lui, du fantasme qu'elle se fait de lui. On a peur qu'elle soit déçue, ou bien qu'elle soit venue pour rien. Je me suis dit « Si je rate le moment où ils se retrouvent, le film est fichu… » Alors, je me suis beaucoup interrogée sur la façon de mettre en scène ce premier regard entre eux. Il fallait qu'elle le cherche dans ce foyer, qui est comme un dédale, ce qui participe à la tension. En fait, très simplement, quand elle l’aperçoit de dos et qu'elle avance vers lui, ce qu’on lit dans son regard, c’est de la peur.Comment avez-vous trouvé votre acteur ?Zahir Bouzerar est le premier acteur que j'ai choisi. Je tenais à ce qu’il soit Kabyle. Je l'avais vu dans « Barakat ! », il y a une dizaine d'années, et je lui trouvais quelque chose de rude, de terrien mais aussi de poétique. C’est un acteur de théâtre et aussi un dramaturge. On s'est rencontrés à Alger, et dès que je l’ai vu arriver, j’ai su que c’était lui. Il est petit et frêle, il a l’air d’être dans la lune. Son visage est marqué et c'est très beau. Et puis, il y a sa voix grave et douce, sa façon de rouler les « r », de parler un peu à l’ancienne. Je voulais qu'il parle à la fois kabyle et français.
Rekia parle français, parce qu’elle a fait l’école chez les sœurs. Le film parle de cette génération qui a vraiment vécu la colonisation puis la guerre entre la France et l’Algérie, ce conflit qui a déchiré ces hommes et ces femmes. Je ne voulais pas faire un film politique, mais montrer, le plus pudiquement possible, les conséquences humaines de tout ça ; à l’image de cette scène sur le bateau, en pleine Méditerranée, au milieu des deux rives, avec cette femme (Sonia Laroze) qui n'arrive jamais à débarquer.
L'actrice principale est arrivée en dernier sur le film ?L’actrice algérienne que j'avais choisie a eu un problème de santé à dix jours du tournage. C'est Jan Vasak, le producteur, qui m'a parlé de Tassadit Mandi. Il savait qu'elle parlait kabyle. Elle a lu très vite le scénario et on s’est rencontrées. Je la trouvais trop jeune pour le rôle. J’ai compris qu’elle avait été très émue par le script et comprenant mon doute elle m’a dit : « Je peux te jouer la femme de soixante-dix ans, quatre-vingt, ou même cent-dix ans, comme tu veux ! ». Et là, j’ai vu son regard, et sa capacité à changer d’expression en très peu de temps, passer d’un regard pétillant à quelque chose de très statique et profond. Tassadit s'est tout de suite énormément investie dans le rôle, et avec Zahir, cela a fonctionné immédiatement. Il fallait qu'on y croie, que cela fonctionne entre eux, avec peu de mots, comme s'ils ne s’étaient jamais quittés.
Pour moi, cette femme est venue dire au revoir à son mari. Elle doit savoir, au fond d'elle, que ce retour est un leurre. Elle le souhaite, tout en sachant que c’est impossible. Elle se ment, comme elle lui ment, sur leurs enfants qui, en réalité, ne veulent pas le voir. Quand elle lui ment, elle sait qu’il ne va pas rentrer. S'il rentrait, comment ferait-il ? Il y a tellement de distance. Comment rattraper tout ça ?
Comment avez-vous choisi son manteau ?Je tenais à ce que Rekia soit simple mais n’ait pas l’air misérable. Avec la costumière, nous nous sommes penchées un moment sur l’histoire du manteau. On s’est dit : « ce manteau, c’est son mari qui lui a offert », c’est le fruit du travail de cet homme, c’est un manteau démodé, très années 70. C’est ce qu’on appelle une belle pièce. Elle met ce qu’elle a de mieux pour venir en France le revoir.Le tournage a été très intense ?J'ai tourné à un rythme assez rude entre Paris, la banlieue, Marseille et en Algérie, avec très peu de temps de préparation. Cela m'a obligée à être ouverte à ce qui se passe et apparaît dans le cadre. Et en même temps, c'était raccord avec l'histoire de cette femme qui débarque en France sans savoir à quoi s'attendre...Comment s'est passé le montage ?Je travaille toujours avec la même monteuse, Véronique Rosa, nous avons commencé ensemble. Je suis contente d’avoir réussi à faire un film à la fois court et intense. Il fallait trouver un rythme, un temps, qui corresponde aux deux personnages.Vous avez toujours la même collaboratrice pour la musique ?Chloé Thévenin a travaillé sur tous mes courts et j'ai filmé ses clips. Elle amène une sensibilité et une subtilité dans ce qu’elle fait, à savoir de la musique électronique. Il y a toujours des couches, des sous-lignes dans ce qu'elle propose qui sont comme des voyages.
J’avais aussi en tête une mélodie que je jouais avec mon père à la guitare quand j’étais petite, c’est la seule que je sache interpréter depuis toutes ces années. J'ai donc demandé à Chloé d’utiliser cette mélodie pour en faire le thème du film. Elle a contacté des musiciens algériens qui jouent des instruments traditionnels (Oud, Zorna, Darbouka). Chloé les a enregistrés, jouant autour de ce thème, et a composé ensuite avec sa patte électronique.
Tout est mélangé et c'est en cela que ça me ressemble. Je revendique le métissage. Nous avons tous plusieurs cultures, plusieurs influences, que ce soit en musique, en littérature, dans la façon de s'habiller, de se nourrir. Je n'ai pas envie d'appartenir à un groupe, ni de filmer un seul style. Avec « Paris la blanche », je réalise un film qui traite des immigrations, mais je ne suis pas que ça. J’ai envie de faire des films d’action, des comédies, des thrillers psychologiques.
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Critiques
- Un grand film humaniste
EcranLarge - Un premier film éblouissant
Courrier Atlas - Subtil et digne. D'une grande humanité.
Télérama - Un film extrêmement pudique et très émouvant
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L'humanité - Remarquable
Les Inrockuptibles
- Un grand film humaniste
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Récompenses
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Festival Premiers Plans d'Angers
En Compétition
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Festival Premiers Plans d'Angers
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Disponible en DVD
- : 90 min
- Format image : Scope
- Son : Français Kabyle 5.1 DD
- Sous-titres : Français
Bonus :
- Courts et moyen métrages de Lidia Terki
- Bande-annonce
Disponible en VODParis la blanche / VOD
Sortie : le 08-08-2017
- Disponible en téléchargement sur Orange
- Disponible en téléchargement sur CanalPlay
- Disponible en téléchargement sur SFR VOD
- Disponible en téléchargement sur UniversCine
- Disponible en téléchargement sur VideoFutur
- : 90 min
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