Sean Byrne
"The Loved Ones" par son réalisateur
J'adore les films d'horreur. J'avais quatre ans quand mon père m’a emmené voir une double séance dans un drive-in pour la première fois. On y passait “Burnt Offerings”, sorte de “Psychose” du pauvre, suivi de “The Pack”. Je n'ai jamais décroché depuis. Si j'aime autant les films d'horreur, c’est parce qu’ils font appel à nos instincts les plus primaires. On a peur, notre coeur se met à battre plus vite, on a les mains moites, sans pour autant être réellement en danger. On vit nos pires cauchemars en direct, mais sans que personne ne souffre. L'horreur est synonyme de libération.
De quoi ça parle ?
Les grands films d'horreur, “Rosemary's Baby”, “L'Exorciste”,“La Malédiction”, offrent bien plus que la mort, la destruction et un peu de nudité aux spectateurs. Ils leur apportent quelque chose de plus profond, quelque chose qui compte.
Dans sa forme la plus simple, “The Loved Ones” raconte l'histoire d'une fille au coeur brisé qui prend sa revanche. Elle kidnappe et torture le responsable, afin qu'aucune autre femme ne puisse l'avoir. Le film aborde aussi le thème du chagrin que vous portez en vous, à tout instant, et qui s'empare de votre âme jusqu'à la détruire, mais que vous pouvez finir par vaincre. Il s’agit d’une bataille envers et contre tout pour une forme de survie à la fois physique et émotionnelle. L’autre versant du film, c’est le véritable enfer que traverse Brent et au cours duquel il se rendra compte qu'il lui reste encore tout à vivre. La morale de l'histoire c'est de se débarrasser de ses démons afin de trouver la rédemption. Elle repose sur la puissance de l'amour et le fait de trouver son chemin.
Le casting et les personnages
Notre mot d'ordre en préparant le film c'était : “Si tu n'oses pas, ils flipperont pas.” J'ai donc choisi des acteurs avec une vraie pulsation. Brent est la figure
classique du loup solitaire, à la fois ombre et lumière.Une belle âme abîmée par la culpabilité. Son collier en lames de rasoir est un symbole de souffrance, mais sa souffrance va devenir salvatrice, elle va le libérer. Comme les meilleurs anti-héros, c'est quand la pression est à son maximum et qu'il pourrait être dépassé par tous ces enjeux que Brent réfléchit le mieux.
De même, les meilleurs “méchants” de cinéma ont toujours une signature. Daddy et Princess forment une équipe de torture originale, avec un duo père-fille habillé en costume-cravate et robe rose éclatante. Leurs outils de torture incluent une seringue, un marteau, des clous, un couteau, une fourchette, une perceuse électrique et de l'eau bouillante.
Une liste qui perturbe est une chose. Mais tout l'art est de faire utiliser ces objets à des gens normaux, et de pénétrer dans la tête des cerveaux les plus
cruels. C'est ça l'horreur à l'état pur, et c'est ce qu'on s'était promis d'explorer.”
Le style
“The Loved Ones” est conçu comme un film d'horreur pop, moderne, sexy et drôle, un cauchemar sans merci qui ne vous lâche pas, et qui prend les conventions du genre pour mieux les faire partir en vrille. C'est, je l’espère, un croisement entre “Rose Bonbon” et “Misery”.
Le look
Flamboyant, brillant et coloré avec des accents noirs “The Loved Ones” veut être une fête pour les yeux, qui célèbre les robes des bals de fin d'année, les boules à facette, les ballons et les voitures lustrées.
Le son
Nous n'avions pas prévu de l'imiter, mais le paysage sonore est proche de celui d'un David Lynch sous ecstasy. Nous nous sommes donné une instruction simple : qu'on ne puisse pas échapper à la violence la plus réaliste possible, mais que le monde qui l'entoure, à travers l'état d'esprit de Brent, soit, lui, surréaliste.
La bande-originale
Nous avons chacun une bande originale façonnée par nos vies et nos goûts musicaux. C'est la même chose pour les personnages d'un film. “The Loved Ones” possède une bande originale extrêmement éclectique qui inclut des classiques du rock des années 70, du trash-métal, de la mélancolie “indé”, de la power-pop impertinente, de la pop des années 60, du rock planant, de la country et une chanson de variété. Chaque morceau est là pour mettre en lumière un personnage et provoquer une émotion particulière.
La bande-son nous donne également accès à la conscience des personnages, que ce soit la rage refoulée au bord de l'implosion de Brent, ou le plaisir sadique de Princess et Daddy face aux jeux auxquels ils s'adonnent.