Carré est le patron de la BRB (Brigade de Répression du Banditisme).
3 ans plus tôt, il a fait tomber un grand truand, Kancel.
Aujourd’hui, à la faveur d’une extraction, Kancel kidnappe le flic.
Il a 96 heures pour lui soutirer une seule information : savoir qui l’a balancé. www.mmycwatches.co.uk
Avec : Gérard Lanvin, Niels Arestrup
Fiche complète96 heures
Réalisateur : Frédéric Schoendoerffer
Sortie en salle : 23-04-2014
Avec :
Gérard Lanvin, Niels Arestrup
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Bande annonce
- 100 min
- France
- 2013
- Scope
- 5.1
- Visa n°136.145
Synopsis
Carré est le patron de la BRB (Brigade de Répression du Banditisme).
3 ans plus tôt, il a fait tomber un grand truand, Kancel.
Aujourd’hui, à la faveur d’une extraction, Kancel kidnappe le flic.
Il a 96 heures pour lui soutirer une seule information : savoir qui l’a balancé. www.mmycwatches.co.uk
A propos
Critiques presse
Ce polar dur et serré ne vous laissera pas le temps de compter les secondes. : Paris Match
Un polar dur et serré : Le Nouvel Observateur
Un face à face magistral pour un formidable thriller : Le Parisien
Crédits du film : © ARP - D8
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Fiche artistique
Carré Gérard Lanvin
Kancel Niels Arestrup
Marion Sylvie Testud
Françoise Anne Consigny
Camille Laura Smet
Fiche techniqueRéalisateur Frédéric Schoendoerffer
Avec la participation de Ciné +
Avec la participation de Canal +
Une coproduction ARP – D8 films
Son Laurent Zeilig
Musique originale Max Richter
Montage Sophie Fourdrinoy
Direction artistique Frank Benezech
Image Vincent Gallot
Sur une idée originale de Simon Michael
Adaptation et dialogues Yann Brion
Scénario et dialogues Philippe Isard
Scénario et dialogues Simon Michael
Produit par Michèle et Laurent Pétin
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Gérard
LanvinC’est difficile d’accepter de jouer encore un rôle de flic ?Oui. Il faut vraiment qu’il y ait quelque chose d’original dans le scénario pour vous donner envie de jouer un flic. Car flic, on l’a tous fait. C’est un passage obligé, un genre incontournable, c’est un peu comme jouer un cow-boy dans un western.
C’est un genre qui a été en danger à cause de tout ce qu’on a vu à la télévision : les Navarro, les Julie Lescaut, l’ont banalisé. Ils ont fait de grosses audiences mais cela a lentement tué le genre au cinéma. Il a été réhabilité ensuite grâce à des cinéastes comme Olivier Marchal. On s’est remis à filmer de vraies histoires, qui mettaient en scène de vrais personnages avec des rapports intéressant à jouer.
Moi, je suis comme Niels Arestrup, on est arrivés à un âge où on ne peut plus passer tout le temps d’un film à courir après les voitures et à être essoufflé. Un flic n’est pas forcément un coureur de fond ni un sprinter. Un flic, c’est aussi un mec derrière un bureau qui utilise la psychologie. Donc ce film m’a intéressé parce qu’il s’agissait d’une confrontation. Il n’y a pas d’agitation, de bruit, de coups de feux superflus, de poursuites. Il y a deux hommes qui sont dans l’obsession de régler leurs comptes. Ce sont des rôles très jouissifs à jouer à notre âge.
En face de moi, j’ai eu LE partenaire. L’acteur, au départ, est comme le spectateur, il imagine un film. Moi je rêvais pour ce film d’un partenaire à la hauteur de l’ambition que j’avais, pour que ce duel soit intense. Il fallait trouver un acteur qui ne soit pas juste une bonne affiche, mais qui optimise l’intensité de la confrontation. Niels Arestrup était le partenaire idéal. Sans lui, je ne suis pas certain que j’aurais fait le film.
Vous n’aviez jamais travaillé avec lui, ni avec Frédéric Schoendoerffer ?Non, et du coup, cela prend un peu plus de temps. Il faut se renifler, apprendre à se connaître. Prendre le temps de découvrir par exemple qui est le réalisateur, aller bouffer ensemble, découvrir peu à peu qui il est, ce qu’il pense, ses valeurs, ses point de vue, afin que, petit à petit, on décide de lui donner sa confiance.
Je n’avais jamais tourné avec Niels non plus, et là aussi, on s’est beaucoup vus, beaucoup parlés. Il fallait qu’on trouve la note juste, ensemble, et qu’on s’assure qu’en face de nous, le réalisateur saurait prendre ce qu’on lui donnerait.
Je travaille beaucoup en amont, durant la préparation. C’est la meilleure façon que le tournage se passe bien. Je lis le scénario en vérifiant en permanence la cohérence de l’histoire. Je cherche ce qui ne va pas, je traque ce qui est inutile ou fragile. Niels est comme moi, très rigoureux dans sa préparation. On avait les mêmes exigences, on a été soudés. On est capables de ruer dans les brancards et de passer pour des emmerdeurs s’il le faut, mais on a besoin d’être convaincus par ce qu’on nous demande de jouer.
Donc on a retravaillé avec les auteurs dans ce sens. C’est d’ailleurs là qu’on voit la vraie nature et la façon de s’investir du réalisateur et des producteurs. Là on a travaillé avec des gens sérieux qui prennent leur métier à coeur.
Comment se prépare t-on à interpréter un rôle aussi intériorisé ?Carré, mon personnage, est toujours en réflexion, en train de penser au coup d’après, tandis que Kancel, qu’interprète Niels, est toujours dans l’instinct de la situation. Moi je dois tenir la distance, gagner du temps, et prévoir comment les choses peuvent évoluer. Je n’avais pas à préparer grand-chose. Mais je devais veiller à la crédibilité de ce que j’allais jouer. La moindre faille, le costume qui ne va pas, la menotte en trop, ca suffit pour vous prend la tête et vous empêcher de vous concentrer sur le jeu. C’est en préparation qu’on travaille tout ça, car quand on prépare, on est déjà en train d’interpréter le rôle dans sa tête.
Carré, il connaît la musique, il occupe généralement la place de l’autre, celui qui pose les questions. Il a une grande expérience de la nature humaine, il sait que le personnage qu’incarne Arestrup est très dangereux, il faut qu’il gagne du temps. Pour jouer Carré, il fallait limiter les effets au maximum : un costume, une chaine, une menotte, et quatre hommes qui ont le temps de vous faire peur.
Ce qu’il fait se lit dans son œil, tout passe par son regard, il n’a pas besoin de bouger, de s’agiter. Lino Ventura m’avait dit : « Si dans une scène, le mec à coté de toi bouge, toi ne bouge pas, et c’est toi qu’on verra. » On regarde plus un acteur qui ne fait rien. Quand tu joues un mec qui réfléchit, t’as pas besoin de faire des gestes ou de te gratter la tête. Surtout quand tu es avec Frédéric Schoendoerffer, qui sait filmer les émotions.
Très peu de réalisateurs savent, comme lui, rendre un acteur fort sur grand écran. On a beaucoup discuté de ce rôle, des manques de réactions de ce Carré qui est angoissé, fatigué, tendu, concentré à tenter de ne pas se faire buter. Carré doit jouer à être la victime tout en restant le maitre du jeu. Sa force était intéressante à jouer.
Dès qu’il est devant Kancel-Arestrup, il faut qu’il tienne son rang de grand flic, que dans son regard, l’autre puisse lire : « Tu peux me buter, t’es dingue, mais j’ai pas peur de toi, je me mettrai pas à genoux ». Les deux sont deux monstres de psychologie.
L’homme que joue Niels a une folie destructrice. Il ne s’aime pas du tout, du coup, il n’aime personne Il est très dangereux, il peut décider de tuer n’importe qui en dix secondes, même sa fille ou son petit fils.
Avez-vous été surpris par la façon dont Niels Arestrup a interprété le rôle ?On a beaucoup travaillé ensemble avant le tournage, donc je n’étais pas surpris. Quand il arrive quelque part dans la vie, par exemple, quand je le voyais arriver à la production, ca se sent tout de suite, c’est un monsieur. Niels n’est pas un acteur qui en fait des tonnes. Il est dans l‘économie, et l’intelligence totale. On est tout à fait différents, et ce sont ces différences qui m‘intéressent. C’est un très, très grand acteur. Et avoir un tel potentiel de jeu en face de soi était passionnant et très rassurant.Frédéric Schoendoerffer faisait-il beaucoup de prises ?Non, car il préparait minutieusement. Il tournait avec beaucoup de grosseurs et d’axes, mais il économisait notre jeu grâce à deux caméras. Frédéric savait d’ailleurs bien avant qu’on commence comment il voulait filmer cette histoire, en l’occurrence, de très près. Techniquement, ca prenait du temps, mais une fois que tout était en place, ca allait assez vite. On ne se parlait pas, surtout Niels et moi, car on s’était beaucoup parlé avant, donc sur le plateau, on arrivait pour jouer en étant déjà les personnages. Niels était dans sa concentration, dans son rôle, on arrivait prêts à se lâcher. On n’a pas souvent dépassé les cinq ou six prises. De toute façon, après ca devient mécanique.Vous n’avez pas trouvé pesant de tourner toujours dans cette maison ?Non, parce qu’elle était très grande, donc on avait beaucoup d’espace pour jouer. Et puis j’adore tourner loin de Paris. Ca soude l’équipe. Ca crée des liens de se retrouver chaque jour dans le même décor, on s’organise des apéros après le tournage, on est un peu chez nous. Pour ce genre de film, c’est plus intense pour le travail, et plus agréable après, car on récupère ensemble après des journées qui sont très fatigantes. On a fait le film en étant assez proches les uns des autres.Vous avez été surpris, en découvrant le film ?Ce qui m’a surpris, et ce qui m’a beaucoup plu, c’est la qualité du spectacle. C’est un film où on peut voir les acteurs jouer. Ce n’est pas un film monté « cut » tout le temps, on vous laisse le temps d’aller dans une émotion, de regarder un acteur, puis l’autre, de les apprécier, de s’interroger sur ce qui va se passer. La musique y participe, elle n’est jamais envahissante, elle souligne et accompagne la tension. Si les gens qui aiment ce genre de cinéma viennent voir ce film, ils ne peuvent rien dire contre, vraiment. Moi, un film de genre comme ça, si je vais le voir, je le kiffe. Si t’aimes le cinéma, t’aimes ce film. -
Niels
ArestrupQu’est ce qui vous pousse à accepter un projet, quel est l’élément déterminant ?C’est très variable. Je dirais, à priori, un peu à l’ancienne, l’histoire d’abord. Il faut se sentir attiré par une histoire, un personnage. Ensuite, tout joue : le contact avec le réalisateur, les partenaires. En l’occurrence, Gérard Lanvin, pour moi, c’était incontournable. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup. Il est très entier, très fort, très honnête, très sincère. Alors l’idée de travailler avec lui m’a tout de suite branché. Ensuite, il y a eu la rencontre avec Frédéric Schoendoerffer. J’avais beaucoup aimé son premier film « Scènes de crime ». Tout cela joue ensemble, sans que l’on sache vraiment pourquoi. On est attiré par un film comme on l’est par une femme, ça reste très mystérieux …On vous offre plus souvent des rôles de « méchant » depuis « Un prophète » ?On m’a souvent offert des rôles de méchant. Dans les années 70, 80, j’avais souvent un imperméable mastic et un flingue à portée de main. Mais j’ai fait beaucoup de théâtre depuis quarante ans, cela m’a permis de jouer d’autres genres de personnages. Bizarrement, je pense que les rôles qu’on me propose sont en fait plus variés depuis « Un prophète ». L’âge y est aussi sans doute pour quelque chose.Qu’est-ce qu’il y avait d’attirant dans le personnage de Victor Kancel ?Ce qui m’intéresse, c’est d’essayer de donner le plus de sang, de simplicité, d’humanité, à tous les personnages que j’interprète. Non pas pour les défendre, ni pour qu’on se dise « Il est pas si mal, cet homme, au fond », mais parce que je veux que la racine de chaque personnage reste en contact avec les gens, que ce ne soit pas un monstre absurde ou froid.
Victor Kancel est un type qui a des principes, un peu à l’ancienne, et un de ces principes, c’est « si on me balance, je tue ». Ca fait partie du langage de certains gangsters depuis la nuit des temps. En même temps, j’ai essayé qu’on ait la sensation qu’il est un peu prisonnier de ça pendant le film, prisonnier de ce désir de vengeance, au prix de sa propre peau. Il pourrait se casser, il a réussi une évasion exceptionnelle, il pourrait passer l’éponge, mais il ne peut pas, il est de cette culture-là, avec ces principes-là.
En fait, il est quand même rongé par plein de doutes. Il n’est pas sûr de trouver le type qu’il cherche, pas sûr de pouvoir sortir de là. Même avec Carré, son rapport est un peu trouble. Ils sont tous deux de la même génération, ils ont tous deux des principes. J’ai essayé d’inscrire ce doute en Kancel. Il est perdu, il ne sait pas très bien comment il va faire, mais il ne lâchera pas, parce qu’une fois qu’il a planté ses dents dans quelque chose, il le mange jusqu’au bout. Et il irait jusqu’au bout, mais c’est là qu’interviennent les péripéties, les rebondissements du scénario.
Il a réussi son évasion, mais est-il vraiment sorti de son enfermement ?Beaucoup de gens qui ont fait de la prison disent qu’on reste en prison, même une fois dehors. La vraie prison, c’est soi-même. Kancel est dans sa solitude. D’ailleurs il s’enferme en même temps que Carré, avec des mecs avec lesquels il n’a pas forcément envie d’être. Il est aussi prisonnier de son idée. Et puis il a un certain âge, donc il n’est pas question pour lui d’aller faire le cacou au Brésil… Il n’a que sa famille pour attaches : sa fille, et surtout son petit-fils, qu’il adore.Le film se déroule comme une partie d’échecs entre Carré et votre personnage. Carré a le temps de préparer ses coups, tandis que Kancel doit toujours réagir à chaud…Carré, il a une culture de ça. Pour être un grand flic, il faut cultiver un certain nombre de réflexes et, dans la dialectique, savoir échapper aux griffes de l’autre et prendre le dessus. Carré est un pro. Kancel est un amateur. Il n’a pas cette culture-là mais il est intelligent. C’est une partie d’échecs entre un professionnel très rodé et un autodidacte. C’est ça qui est excitant, car ils jouent dans des registres différents. Carré connaît toute la théorie, Kancel est un peu à l’image de Bobby Fischer, il sort des coups imprévus. C’est un jeu d’échecs, de poker menteur.Est-ce que le costume vous aide à entrer dans la peau d’un rôle ?C’est aussi comme ça qu’on trouve un personnage. On rêvasse, on se demande où il en est dans sa vie. Au début, je voyais Kancel comme quelqu’un de très élégant, dans des costumes coupés sur mesure, portant beau. Puis au fur et à mesure que je travaillais sur le scénario, cela ne m’a plus paru valable. Je me suis dit qu’en fait Kancel n’en était plus là, qu’il en avait fini avec ça, qu’il s’en foutait complètement de comment il était habillé. Donc, on a décidé qu’il n’aurait quasiment qu’une seule tenue noire qui lui colle à la peau, comme une peau de serpent, passant ses journées sans se changer, et pas du tout préoccupé par ça. Ca m’a semblé plus juste.Au delà du costume, comment vous préparez-vous à un rôle ?C’est toujours un mélange entre la mémoire et l’imagination. La mémoire, par exemple, de mon enfance. J’ai des images de personnes, dans la solitude, un peu perdues et violentes. Mon père, par exemple, était un type assez silencieux qui ne supportait pas la contradiction et qui se cognait régulièrement avec des mecs. Après, j’ai eu des rencontres avec des types qui avaient fait quelques conneries. Ca laisse des souvenirs assez forts. J’ai croisé un type en cavale chez une fille que je connaissais, on a bu un coup avec lui. Quelque chose émanait de lui, de sa situation, du risque qu’il prenait en vous rencontrant…Donc, il y a ça et puis il y a l’imagination, qui est faite de tout : des films qu’on a pu voir, des livres qu’on a pu lire, des rêves qu’on a fait, des idoles qu’on a eu, des grands acteurs qui ont marqués leur territoire dans des rôles de « méchant ». C’est fait de tout ça, et de l’instinct aussi. A un moment, il y a le costume, le cadre, l’endroit dans lequel on est, une odeur…Quel genre de directeur d’acteurs est Frédéric Schoendoerffer ? Directif ? Intuitif ?Directif, je ne dirais pas ça. Il n’est pas sur votre dos à vouloir vous pousser dans une direction ou l’autre. Par contre, il ne vous laisse pas sortir de son cadre à lui, de son idée à lui. Et tant qu’on est dans cette forme de collaboration, dans son contrôle à lui du rôle, du film et du déroulement du film, on évolue dans une certaine liberté. C’est un fort caractère, quelqu’un qui ne lâche pas, il est assez courageux. Donc, pour moi, c’est un très bon directeur d’acteurs.Le film parle du temps qui passe, d’hommes qui sont à l’automne de leur vie…C’est assez « Melvillien » finalement…Je n’avais pas pensé à Melville, mais c’est vrai qu’il y a un peu de ça. C’est le troisième souffle… -
Frédéric
Schoendoerffer96 Heures est le premier film dont vous n’avez pas écrit le scénario ?Absolument. Tout a commencé par un appel de mon agent, en décembre 2012, me disant que Michèle et Laurent Pétin voulaient me rencontrer. Je suis allé les voir un vendredi, je m’en souviens très bien. Ils m’ont dit qu’ils avaient envie de travailler avec moi, et m’ont proposé deux scénarios. Dès le lendemain, j’en ai lu un, que j’ai trouvé « bof ». Le dimanche matin, j’ai lu le second, qui m’a tout de suite captivé, et dans la foulée, vers 13h ce dimanche-là, je les ai appelés pour leur exprimer mon intérêt.
Ce qui m’a plu, c’était ce concept d’une garde à vue à l’envers. Moi, je sortais d’un film de poursuite, alors ce huis clos entre deux personnages qui seraient forcément incarnés par deux grands comédiens, ça m’a donné envie. Je n’avais jamais fait de huis clos, je me suis dit que ce serait intéressant d’en faire un pour mon cinquième film, de tenter quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant, à savoir ne pas faire de pirouettes avec ma caméra, mais un film centré sur le jeu des deux acteurs principaux.Comment avez-vous choisi vos acteurs ?En fait, Gérard Lanvin était déjà plus ou moins attaché au projet, et ça tombait bien car cela faisait longtemps que j’avais envie de tourner un film avec lui. On est allé diner avec lui et mes producteurs, et on a passé la soirée à chercher tous ensemble quel serait le meilleur acteur pour incarner l’autre rôle. Quand le nom de Niels Arestrup a été prononcé, il a tout de suite fait l’unanimité. Une rencontre inédite, entre deux grands comédiens qui ont le même âge mais des formations complètement différentes, j’ai tout de suite trouvé ça excitant. Niels Arestrup a rapidement exprimé son intérêt. Ensuite, on a mis un peu de temps à trouver ce qui manquait dans le scénario, dont on a largement repris les dialogues.
Pour les actrices, Sylvie Testud, que j’appréciais sans la connaître, avait déjà lu le scénario, et exprimé son envie de jouer le rôle de la femme flic. Anne Consigny, je l’avais rencontrée dans un jury de festival, on a tous été d’accord pour dire qu’elle serait une parfaite épouse pour Gérard Lanvin. Quant à Laura Smet, on a un ami commun, ils sont venus boire un verre avec moi en face de la production. En remontant au bureau, j’en ai parlé à mes producteurs, qui sont assez proches de Johnny Hallyday, qui connaissaient donc Laura et étaient ravis qu’on lui propose d’incarner la fille de Niels Arestrup.
La maison, le décor principal, est un peu le troisième personnage du film ?On voulait tourner en région parisienne, donc on a cherché dans un rayon d’une quarantaine de kilomètres autour de Paris. Il y avait deux options : soit prendre une belle demeure ancienne, qui nous ramenait vers les grands films français des années soixante-dix, soit aller vers une maison d’architecte, quelque chose de résolument moderne. C’est drôle, parce que Laurent Pétin nous a très tôt signalé que la maison de Mallet-Stevens, que celui-ci avait construite à l’époque pour Paul Poiret, était à vendre, et qu’elle ferait un décor idéal. J’ai tenu à en visiter le plus possible, pour être certain de choisir la meilleure option, et c’est finalement la maison Mallet-Stevens qui s’est imposée.
Donc, une maison toute blanche en haut d’une butte, en plein soleil, avec plusieurs terrasses, qui respire l’épure et la sérénité. Elle fait 1000 mètres carrés, ce qui est un terrain de jeu idéal pour un huis clos. Cela permet d’être en longues focales, de pouvoir changer souvent de pièces, de ne pas être confiné dans un seul décor, de sentir l’espace autour de soi, et de pouvoir l’utiliser différemment en fonction des séquences.Comment met-on en scène un duel d’acteurs ?Un duel, c’est filmer des gros plans, et changer en permanence le ratio des personnages dans l’image. Il faut être complètement à l’écoute du jeu, de la performance des acteurs, être au meilleur endroit pour recueillir ce qu’ils donnent. Après, chaque réalisateur apporte sa singularité, son regard.Vous avez beaucoup parlé de leurs rôles avec les acteurs ?Comme on cherchait à améliorer le scénario, on s’est tous beaucoup interrogé. C’est amusant, parce qu’au début, chacun avait un avis très tranché sur son personnage, et à l’arrivée, ils ont presque fait le contraire. Par exemple, Niels Arestrup voyait son personnage comme un homme très élégant, alors il a demandé à ce qu’on lui fasse faire des costumes sur mesure. Et puis, trois jours avant le tournage, il a décidé que finalement, il allait jouer avec des vêtements à lui. En fait, il n’a pas cessé de s’interroger sur son personnage, et il a fini par se dire que ces costumes chics, ça relevait d’une imagerie un peu années soixante-dix, avec ces gangsters magnifiques…
Dans le film, il est habillé dans une monochromie noir ou blanche, qui est tout aussi élégante et bien plus intéressante. Pour le personnage qu’incarne Gérard Lanvin, on a simplifié les choses. Au lieu d’être enfermé dans une sorte de camisole de force, comme c’était écrit au début, on l’a juste menotté entravé à une chaîne accrochée au mur. Pour ses vêtements, comme il incarne un grand patron, le costume anthracite très bien coupé s’imposait.Comment définiriez-vous leurs personnages ?Gérard Lanvin est un homme de pouvoir. Le grand patron de la BRB, c’est quelqu’un qui voit le ministre de l’intérieur plusieurs fois par mois… Durant 96 heures, il se retrouve en position d’infériorité absolue, otage d’Arestrup et de sa bande, mais comme il est très intelligent et que les truands, il les connaît tous parfaitement, il va semer la zizanie entre Arestrup et ses hommes. En fait, Lanvin joue aux échecs. Quand il est seul, il calcule, il essaye des combinaisons, et quand il est face à Arestrup, il joue les coups qu’il a préparés dans sa tête. Il est totalement à la merci d’Arestrup. Il n’a que son intelligence pour sauver sa peau.
Niels Arestrup a pour lui la force, le pouvoir de faire peur, de faire mal, de tuer. Il sait que le temps dont il dispose est limité. Il n’a que 96 heures, soit quatre jours. C’est beaucoup, mais en même temps c’est peu. Il est fâché, pressé, il veut aller vite. C’est le sang chaud contre le sang froid. Ce sont deux natures très fortes. L’un est tout entier obnubilé par l’information qu’il veut avoir. L’autre connaît le dessous des cartes.
Comment avez-vous choisi l’image du film ?Avec Vincent Gallot, mon chef opérateur, on a fait une image de film de genre. C’est à dire qu’il ne faut pas avoir peur des noirs, et qu’on a des blancs qui éclatent. On voulait que l’image soit douce, et qu’on voit très bien les peaux. On a choisi de filmer en numérique et en 4K. Notre caméra était la F65 Sony, à laquelle on a ajouté des objectifs anamorphiques, qui sont ceux dont on se sert pour filmer en cinémascope, ce qui donne à l’image une qualité de flou incroyable. C’est la première fois que ces objectifs ont été utilisés sur cette caméra. On croit vraiment voir du 35 millimètres. En plus cette caméra voit, la nuit, ce que même à l’œil nu on ne distingue pas. Après, on est allé chez Technicolor, qui est le meilleur laboratoire pour cette caméra. Je suis très heureux du rendu de l’image.Comment filme-t on la tension ?C’est tout le pari. C’est difficile de garder la tension, car cette guerre est dans les mots, autant ceux qui sont dits que ceux qui sont tus. C’est une guerre des nerfs. Une fois le chrono des 96 heures enclenché, il faut le tenir, le sentir. Pour ça, on a une histoire forte, des acteurs intenses, après il faut trouver une façon de filmer, des plans qui suggèrent des choses, qui indiquent que le temps passe, que l’acteur a une idée, etc… En fonction du scénario, choisir dans quelle pièce, à quelle heure, dans quelle ambiance on va dérouler chaque scène. Il faut éviter les redites de lieu. Par exemple, la salle à manger, qu’on a filmée une fois la nuit, sous la pluie, on peut y retourner une fois mais de jour, avec la lumière derrière les rideaux et le vent dans les arbres. Il faut veiller à ce qui se passe derrière les acteurs, pour ne pas lasser le regard. Il faut aussi tenter de varier le rythme des affrontements. Laisser souffler le spectateur entre deux moments tendus ou choquants. Ménager des temps, des surprises.Ca laisse peu de place à l’improvisation…Ca tombe bien, je n’aime pas ça en général. Je pense qu’à chaud, en trois minutes, c’est difficile de trouver mieux que ce que d’autres ont mis un an à écrire. Bien sûr, sur le tournage, on peut améliorer, ajouter un plan qui n’était pas prévu, ça permet d’enrichir son propos, de peaufiner la narration de l’histoire. Improviser, si c’est inventer les dialogues au moment du tournage, je n’y crois pas du tout.Comment avez-vous tourné dans la maison ?On a quasiment tourné dans l’ordre du scénario, pour que Gérard Lanvin ait la barbe qui pousse, parce que, comme on est en très gros plan, une fausse barbe, ça se voit tout de suite. On a passé six semaines dans la maison. La dernière semaine, je me demandais : est-ce que nous avons bien tout filmé, tous les angles, tous les axes ? Et c’est comme ça que le dernier plan qu’on y a tourné, c’est un plan des deux acolytes d’Arestrup qui prennent un sandwich sur une terrasse qu’on n’avait pas encore exploitée. Le plan est dans le film. Donc, nous avons vraiment passé cette maison au tamis.Comment faire pour que l’enquête que mène le personnage de Sylvie Testud ne soit pas juste un prétexte pour sortir de la maison ?C’est un rôle assez casse-gueule, car on la regarde chercher des informations que le spectateur a déjà. Elle est en retard par rapport à lui, donc le spectateur se demande comment elle va comprendre. C’est le genre de scènes qu’on dose au montage. D’ailleurs, il y avait une scène d’explication entre elle et Anne Consigny qu’on a coupée, car elle était redondante. Puis arrive le moment où le spectateur et la femme flic se rejoignent : soudain, elle trouve une information que le spectateur n’avait pas… Son personnage fonctionne parce qu’elle le joue bien, donc on y croit. Il y a aussi ces conversations entre femmes, où ce qui se dit serait différent si c’était un homme qui posait les questions…La résolution du film est quasi shakespearienne…C’est une des dernières scènes qu’on ait tournée. Plus je relisais celle qui était écrite, plus je la trouvais en dessous, et ça faisait quelques jours que j’y réfléchissais avec le dialoguiste. Et puis, deux heures avant de tourner la scène, j’ai appelé mes producteurs, je leur ai raconté mon idée, ils m’ont dit banco, et c’est bien plus fort, car cette histoire devient une affaire de famille, et cela fait sens. La fin telle qu’elle était écrite faisait un peu trop Bibi Fricotin, ou Fantômette. C’était le personnage de Sylvie Testud qui dénouait les choses. Tandis que là, elle arrive, mais c’est après la bataille. Les choses se sont réglées sans elle. Elle aura tout pigé, mais son enquête n’aura servi à rien. C’est très réaliste. J’aime l’idée que, dans cette histoire, les flics arrivent trop tard…Le titre, 96 heures, fait référence à la durée maximum d’une garde à vue, mais le film parle aussi du temps, en général…C’est une chose qu’on a ajoutée dans le scénario. Il y avait déjà le temps de cette garde à vue, le temps qu’indique la montre de Gérard Lanvin, il y avait le tableau des montres de Dali, mais le film n’est pas seulement la course contre la montre d’un truand contre un flic. C’est aussi une réflexion sur le temps qui reste à deux hommes qui sont à l’automne de leur vie. Quand on a eu l’idée d’intégrer cette notion dans le scénario, ça a tout de suite beaucoup intéressé Laurent Pétin. Il est très perspicace pour ce genre de chose. Du coup on a creusé cette direction qui donne une dimension supplémentaire au film. C’est ce que j’aime tant dans le cinéma de genre. Ce cinéma-là, c’est une main tendue vers le spectateur, une promesse de divertissement, mais cela n’empêche pas d’y glisser une réflexion sur le genre humain.
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Disponible en DVD
- : 95 min
- Format image : 1.85
- Son : Français 5.1
- Sous-titres : Anglais / Français sourds et malentendants
Bonus :
- Entretien avec Frédéric Schoendoerffer
- Entretien avec Niels Arestrup
- Entretien avec Gérard Lanvin
- Bande-annonce
Disponible en BLU-RAY- : 99 min
- Format image : 1.85
- Son : Français 5.1 DTS HD
- Sous-titres : Anglais / Français sourds et malentendants
Bonus :
- Entretien avec Frédéric Schoendoerffer
- Entretien avec Niels Arestrup
- Entretien avec Gérard Lanvin
- Bande-annonce
Disponible en VOD96 heures / VOD
Sortie : le 07-10-2014
- Disponible en téléchargement sur Orange
- Disponible en téléchargement sur SFR
- Disponible en téléchargement sur Canal Play
- Disponible en téléchargement sur UniversCine
- : 95 min
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