Notes de
production Effets
Secondaires
La production
Il y a 10 ans, le scénariste Scott Z. Burns consacra quelques semaines à mener une enquête auprès du Bellevue Hospital, un célèbre hôpital psychiatrique de New-York. Burns, alors scénariste pour la série télévisée médicale Wonderland, rencontra l’équipe psychiatrique et observa leur travail auprès de patients malades mentaux, dont un grand nombre avait un passé criminel. “Je voulais écrire un thriller noir qui emporte le public et joue avec ses nerfs, comme « Assurance sur la mort » ou « La Fièvre au corps », qui se déroulent dans le monde de la psychopharmacologie”, dit Burns. “J’aime les films qui inventent des escroqueries astucieuses, situées dans un milieu que le public identifie. C’est un genre un peu délaissé, que j’ai toujours adoré. » Burns commence à concevoir le scénario qui deviendra « Effets secondaires » avec l’aide du Dr Sasha Bardey, à l’époque directeur adjoint du service de psychiatrie médicolégale au Bellevue Hospital. “Sa contribution était essentielle car le film devait être profondément ancré dans la réalité.” L’association de leurs talents a engendré un thriller stupéfiant. “Le film s’interroge : où la réalité s’efface-t-elle au profit de la maladie mentale ?”, dit Bardey. “Vous ne savez pas si les choses sont telles qu’elles apparaissent. En ce sens, le film à un côté hitchcockien. Avec une fin inattendue et ironique.”
Burns, toujours aidé par le Dr Bardey, s’intéressa à l’usage croissant d’antidépresseurs. Des articles de journaux expliquent que les médicaments utilisés pour soigner la dépression, l’angoisse et d’autres maladies psychologiques provoquent un comportement inexplicable chez un petit nombre, mais non négligeable, de patients. Des médicaments couramment prescrits ont été accusés d’être à l’origine de crimes allant d’accident de la route ayant entraîné la mort à plusieurs agressions physiques. En Californie, un homme a été acquitté après avoir provoqué un accident de la route alors qu’il était sous l’emprise d’un somnifère très courant. Un antidépresseur prescrit à grande échelle a été impliqué dans une affaire d’enlèvement suivi de viol.
Burns fut aussi fasciné par plusieurs histoires concernant le mauvais comportement de médecins connus. “Il y a eu ce cas d’un psychiatre qui a tenté d’engager un de ses patients, un criminel, pour tuer sa maîtresse,” raconte Burns. “Quand le patient alla tout raconter à la police, personne ne voulait le croire, car il était clairement fou. Notre histoire est différente, mais il y a tellement de rebondissements et de retournements de situations qu’on est sans cesse en train de se demander ce qui s’est réellement passé et qui dit la vérité.”
Alors qu’il est en cours d’écriture, Scott Burns fait appel à deux collaborateurs de confiance : le réalisateur oscarisé Steven Soderbergh et le producteur Lorenzo di Bonaventura. “Scott est très doué pour identifier des problèmes de société intéressants et les rendre commerciaux,” dit Soderbergh. “J’aime les films qui essaient de faire plusieurs choses à la fois. Comme « Contagion », « Effets secondaires » peut être décrit comme un thriller, mais ils sont tous deux empreints d’une réalité sous-jacente qui reflète le monde contemporain. Scott excelle également dans les mathématiques d’une histoire : Combien d’éléments doivent entrer en action ? Comment se servir des attentes du public ? Comment éviter les clichés ? Il est très doué pour créer une structure narrative, inventer des personnages intrigants et écrire de bons dialogues.”
Burns avait prévu de réaliser lui-même « Effets secondaires », mais quand Steven Soderbergh offrit ses services, le scénariste n’hésita pas longtemps. “Steven avait un créneau disponible et « Effets secondaires » lui semblait intéressant à réaliser,” se rappelle Burns. “Nous avions la même vision du scénario. Seul l’égo aurait pu me pousser à faire ce film moi-même, ce qui aurait été de ma part une très mauvaise décision artistique... »
Le producteur Di Bonaventura accueillit ce changement avec enthousiasme. “Steven donne une perspective singulière à tout ce qu’il entreprend,” dit-il. « Dans les films de Steven, il y a toujours un commentaire social. Cette histoire est construite sur l’idée sous-jacente qu’on ne connaît pas vraiment l’effet de ces médicaments sur nous, mais notre société nous pousse à leur faire confiance. Le film laisse le spectateur libre de décider si c’est une bonne idée.” Ce n’est qu’un des aspects d’« Effets secondaires », thriller doté d’une intrigue tordue à souhait, et truffé d’ambiguïté morale, de fragilité humaine. “Je pense que ce qui vous embarque dans un thriller, c’est l’humanité.” dit Burns. “Vous êtes autant trompé par votre cœur et vos perceptions que par la mécanique de l’intrigue. C’est amusant de déstabiliser les spectateurs. Mais ce que Steven et moi voulions, au-delà de ça, c’est que le public se sente directement concerné, qu’il s’interroge sur sa propre expérience.”
Le film a l’ambition de divertir et de provoquer une discussion. “Nous espérons que le public sortira du cinéma en se disant “Je n’ai rien vu venir”, dit di Bonaventura. “Et qu’ensuite il comprenne que la prise de médicaments a une conséquence insidieuse sur nos comportements en société.”
Les médecins et les patients
« Effets secondaires » est l’un des premiers rôles de l’actrice Rooney Mara depuis que sa nomination à l’Oscar pour « Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes » l’a fait connaitre mondialement. C’est Soderbergh qui l'avait en premier remarquée en découvrant un premier montage de « The Social Network », de David Fincher.
“Quand David préparait le casting de « Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes », il m’a demandé ce que je pensais de Rooney pour le rôle principal,” dit Soderbergh. “J’y étais très favorable, parce que je pensais que le film gagnerait à être interprété par quelqu’un de peu connu. Nous sommes devenus amis quand elle a su que j’avais encouragé David à l’engager. Quand ce rôle s’est présenté, je l’ai contactée.”
“C’est une des meilleures actrices de sa génération et sa palette est incroyable,” dit Gregory Jacobs. “Nous l’avons trouvée incroyablement talentueuse et avons pensé qu’elle serait parfaite pour le rôle.”
Mara dit qu’elle a trouvé fascinants l’histoire d’« Effets secondaires » et le rôle d’Emily. “J’ai dû lire le scénario plusieurs fois. C’est construit de telle manière que souvent, une chose qui vous apparaît d'une certaine manière s’avère finalement tout autre. Emily est un personnage très complexe. La plupart du temps, on vous propose de jouer la petite amie ou l’épouse, un second rôle à côté de l’homme. Quand vous avez en main un rôle qui a tellement de substance, c’est très excitant.”
“Emily quitte le Midwest pour New York dans l’espoir d’y poursuivre des études de graphisme mais finit barmaid”, explique Burns. “Quand elle rencontre un homme très riche de Wall Street, elle saute sur l'occasion. Elle aime réellement Martin, parce qu’il lui offre la sécurité. Elle est séduite par ça, tandis qu’il est séduit par sa beauté et son mystère.”
Selon le scénariste, cet air mystérieux semble venir naturellement à Mara. “Elle a quelque chose qui pique votre curiosité. Dès notre première rencontre, j'ai voulu en savoir plus sur elle. La façon dont elle incarne Emily vous donne envie de vous rapprocher d’elle pour mieux l'écouter. Ce côté impénétrable peut être à la fois très sexy et très dangereux.”
Quand Martin va en prison pour délit d'initié, Emily est déstabilisée, selon l'actrice. “Ils vivaient dans une magnifique maison ils avaient un bateau, un train de vie extravagant. Elle avait eu le coup de foudre pour lui et il prenait soin d'elle. Puis du jour au lendemain elle se retrouve dans un deux-pièces, et c'est une déchéance pour elle. Elle doit travailler, payer les factures. Elle doit se prendre en main. Quand son mari revient, sa vie est une nouvelle fois chamboulée. Elle lutte contre l'angoisse et la dépression,” dit Mara. “Je pense que c'est un trop gros changement pour elle.”
L'actrice a adoré travailler avec Soderbergh. “C'était une expérience très hors norme,” dit elle. “C'était une petite équipe, avec peu de temps de préparation, peu de prises. Les journées sont bien plus courtes que ce à quoi je suis habituée. Steven contrôle chaque aspect de ses films. Il a en permanence une vision complète et précise de l’ensemble du film.”
Mara et Soderbergh ont tracé ensemble ce qu’était l'évolution parfois contradictoire du personnage d’Emily. “Je pense que Rooney était enthousiaste à l'idée d'incarner les deux facettes d'une même pièce,” dit le réalisateur. “Elle a suffisamment d’esprit pour apprécier les côtés "humour noir" de ce qu'on lui demande de faire. C'est un équilibre difficile à trouver et il faut en conserver la cohérence, surtout que nous ne tournions jamais dans l'ordre. Mais Rooney savait toujours où son personnage en était, à n'importe quel moment.”
Aux Urgences, après sa tentative de suicide, Emily est confiée au Dr Jonathan Banks, interprété par Jude Law. Médecin prometteur dans un cabinet prospère, Banks interprète l'accident d'Emily comme un appel au secours, mais il accepte qu'elle sorte de l'hôpital, à condition qu'elle suive un traitement et une psychothérapie.
“Jude est très séduisant et charmant, bref, c'est Jude Law,” dit Burns. “Il a l'air d'une star de cinéma, mais il est très convaincant en scientifique à la personnalité un peu étrange. A mesure que le film évolue, Banks est totalement déstabilisé par sa patiente. Sa propre vie est sur le point de basculer et il ne peut rien y faire. Il peut juste en payer les conséquences.”
Soderbergh venait de finir « Contagion » avec Jude Law quand il lui a parlé du rôle du Dr Banks. “Jude est très fort pour jouer les obsessionnels,” dit le réalisateur. “Quand il est en quête de quelque chose, c'est très intéressant à voir. Je pensais que ce serait un plus que le personnage ne soit pas américain, donc je lui ai demandé de ne rien changer à son accent.
“Jude incarne très bien cet homme sous pression,” ajoute Jacobs. “Il a un vrai charisme de tête d'affiche, et ce rôle semblait parfait pour lui.”
Law a immédiatement été intrigué par le rôle. “Le Dr Banks est à un moment de sa vie où tout semble aller pour le mieux,” dit l'acteur. “Il vient d'emménager dans un magnifique appartement avec sa famille. Son beau-fils a été accepté dans une bonne école privée. Son cabinet marche si bien qu'il est approché par des compagnies pharmaceutiques pour mener des études sur de nouveaux médicaments. Il ne s'attend pas du tout à ce qui va lui arriver.”
“Le scénario offre à chaque acteur l'occasion de tout donner”, ajoute-t-il. “Rooney est formidable en Emily. Elle a une profondeur impénétrable peu courante chez une actrice de son âge.”
Jude Law voit le film comme un thriller subtil avec pour toile de fond le monde de la psychiatrie et des médicaments délivrés sur ordonnance. Il précise : “Là où le scénario est très intelligent, c'est qu'il ne surenchérit pas sur le problème des médicaments. C'est vraiment l'histoire d'une personne qui a tout à perdre et qui perd tout. Le film tient du polar. Les rebondissements nous tiennent en haleine.”
Channing Tatum, qui incarne Martin Taylor, fait sa troisième apparition dans un film de Soderbergh. “Channing est parfait dans le rôle d’un homme matérialiste et ambitieux. Martin est un beau gosse qui est allé à Wall Street pour réaliser le rêve américain, quitte à le voler.”
Le rôle est nouveau pour Tatum et c'est l'une des raisons pour lesquelles Soderbergh l'a choisi. “J'ai dit "mettons-lui un costume, pour changer". Je voulais qu'il parle différemment et il a travaillé très dur avec un répétiteur pour trouver une élocution plus saccadée, plus énoncée. Si vous comparez avec sa voix dans « Magic Mike », notre précédent film ensemble, il parle très différemment. Channing est très séduisant et c'est une vraie star de cinéma, ce qui fonctionne très bien pour ce personnage.”
“Martin est un type qui voulait tout et qui s'est servi”, selon Channing Tatum. “Il s'est persuadé qu’il a réussi sans tricher. Avec Emily, il tombe amoureux de l'idée d'une fleur fragile et innocente qu'il peut mettre sur un piédestal. Elle est pour lui un trophée de plus.”
Peu importait le rôle, Channing Tatum aurait signé les yeux fermés pour retravailler avec Soderbergh. “Steven est l'une des personnes les plus intelligentes, les plus créatrices et les plus originales qu'il m'ait été donné de rencontrer dans ma vie”, dit Tatum. “On s'entend très bien humainement et artistiquement, à tel point que s'il m'appelait pour me proposer le rôle du serveur n° 2, je le ferais. Son travail est différent des autres. Steven observe la vie et les contradictions des gens. Etant lui-même plein de contradictions, il aime mettre en lumière les excentricités des autres.”
Avec ce film, c'est la troisième fois que Catherine Zeta-Jones retrouve Soderbergh, en incarnant la psychiatre raffinée et glaçante qu’est Victoria Siebert. “J'aime beaucoup l'idée qu'elle soit dans ce genre de film”, dit le réalisateur. “Si je tourne un thriller psychologique qui se déroule à New York, il est évident qu’elle doit y participer.”
Selon l’actrice, « Effets secondaires » est le genre de scénario qui met en valeur les talents de Soderbergh. “C'est magnifiquement écrit, avec de beaux dialogues, une superbe intrigue, avec aussi un thème socialement pertinent. Il y a beaucoup de coups de théâtre. J'ai lu nombre de scénarios et je peux souvent dire ce qui va se passer. Mais là, impossible. Le jeu du chat et de la souris entre mon personnage et celui de Jude Law est assez fascinant.”
Comme Channing Tatum, Catherine Zeta-Jones se dit prête à travailler avec Soderbergh quand il veut, où il veut. “Il prend des acteurs qui fonctionnent bien avec sa méthode de réalisation. C'est à l'arrache : pas de répétitions, on a nos places et on entre directement dans la scène. Je suis toujours tranquille quand Soderbergh est derrière l'objectif.”
Pour préparer leurs rôles, Jude Law et Catherine Zeta-Jones ont travaillé en étroite collaboration avec le Dr Bardey. “Nous avons abordé le problème des questions légales qu'entraîne la maladie mentale”, dit Zeta-Jones. “On demande aux psychiatres de dire exactement qui est fou et qui ne l'est pas.” Bardey a aussi conseillé les acteurs sur le langage du corps, ainsi que sur la relation médecin /patient. “On a évoqué l'équilibre entre la compassion et l'empathie”, dit Bardey. “Le besoin qu'a le Dr Banks d'aider sa patiente a des conséquences inattendues. Dans le zèle qu'il déploie pour l'aider, il franchira des limites.
Secrets de Fabrication
« Effets secondaires » a principalement été tourné en extérieur à New York et aux alentours, ce qui, de l'avis de Steven Soderbergh, peut s'avérer assez intimidant. “Beaucoup de grands films ont été tournés à New York”, explique-t-il. “C'est un peu paralysant de réfléchir à ce qui a été fait avant, que ce soit par Sidney Lumet, Martin Scorsese ou Alan Pakula. Tellement de films situés à New York sont emblématiques. J'ai décidé que l'important, c'était que les lieux semblent naturels dans le film. Il n'y a pas de montages. Ma priorité, c'est la narration. Je ne vais pas là où l'un de mes personnages n'a pas été.”
Par chance, les personnages se rendent dans des lieux typiques de New York, dont le légendaire restaurant Le Cirque, l'hôtel Waldorf-Astoria et l'hôtel Intercontinental, l'étang de Central Park, le funérarium Frank E. Campbell dans l'Upper East Side et la select enclave résidentielle de Centre Island.
Mais le film se rend aussi dans des quartiers plus sordides, dont le centre pénitentiaire de Taconic à Bedford Hills, dans l'Etat de New York, à la prison du Queens, à l'hôpital Bellevue de Manhattan et au centre psychiatrique de Manhattan, sur Wards Island dans l'East River, qui est à la fois une prison et un hôpital psychiatrique pour les malades mentaux accusés de crimes. “Je préfère toujours tourner dans des lieux existants quand je le peux”, dit Soderbergh. “Ça donne un réalisme qu'on ne peut pas égaler en studio.”
Le réalisateur s'en est remis au talent du chef décorateur Howard Cummings, qui a déjà travaillé cinq fois sur des productions de Soderbergh, pour l'aider à trouver les lieux uniques et évocateurs d' « Effets secondaires ». “Avec Steven, je démarre toujours au quart de tour”, dit Cummings. “C'est son rythme de travail. Il aime quand le lieu de tournage aide à raconter l'histoire. Nous faisons des choix inhabituels, inattendus, mais toujours ancrés dans la réalité.”
Ils ont beaucoup discuté du lieu où habiterait Emily Taylor après sa disgrâce. “On s'est décidé pour la 157e Rue à Morningside Heights”, dit Cummings. “C'est la partie la plus élevée de Manhattan. Steven est tombé amoureux du quartier. Il le voit comme un no man’s land dans lequel elle est coincée. Ça entérine l'idée qu'elle se terre. Il y a eu un scandale. Son mari est en prison, tous ses amis lui ont tourné le dos. Elle tente de se réinventer.”
L'appartement semblera spacieux à la plupart des habitants de Manhattan, mais pour Emily, c'est une vraie déchéance. “Ce n'est pas grand, mais c'est très new-yorkais”, dit Cummings. “Sa chambre est en fait une salle à manger aménagée avec une porte-fenêtre. Il faut passer par la cuisine pour accéder à la chambre. Je savais que ça plairait à Steven. Les espaces confinés le stimulent et lui font choisir des angles qu'il n'aurait normalement pas choisis.”
Pour nous faire comprendre tout ce qu'Emily a perdu, Soderbergh inclut un flashback de son passé avec Martin. “Steven voulait les voir riches et heureux”, dit Cummings. “L’appartement exigu est à l'opposé de la garden party géante, c'est comme ça qu'on nous présente leur vie d'avant, et leur parfait manoir du Connecticut.”
Soderbergh distingue cette séquence du reste du film en la filmant caméra à l'épaule et en y ajoutant des couleurs éclatantes qu'on ne trouve pas dans le reste du film. “Les brefs flashbacks sont baignés de soleil, estivaux et optimistes”, dit-il. “C'est le seul moment du film où l'on voit du rouge, du jaune, de l'orange ou toute autre couleur vive. Le reste du temps, le film est dans une palette bleu-gris très typique de New York à la fin de l’hiver.»
Le nouvel appartement du Dr Banks reflète sa récente ascension professionnelle et personnelle. “Tout devait être flambant neuf”, dit Cummings. “Les appareils ménagers n'ont jamais été touchés. Tout est noir et blanc et très moderne, avec quelques objets anciens pour réchauffer un peu l'atmosphère.”
Dans le centre psychiatrique de Manhattan, les cameramen ont tourné dans une salle inusitée d’un hôpital toujours en activité. “On a filmé dans un grand dortoir. C’était horrible à souhait”, dit Cummings. “C'est essentiellement une prison. Même si les détenus sont médicamentés et soignés, ça reste une prison. Tout est dans une tonalité vert institutionnel très déprimante.”
La sécurité était stricte sur le plateau de l'hôpital. “Pour se déplacer, il fallait franchir deux portes verrouillées pour raison de sécurité”, dit Catherine Zeta-Jones. “Certains patients de cette prison sont enfermés en raison de l'extrême gravité de leur cas. C'était authentique, ce qui a rendu l'expérience très réelle.”
La production a aussi eu le droit de filmer dans une salle d'audience au 100 Center Street à New York, où se tiennent des procès pour meurtres. “Normalement, ça ne se fait pas”, dit Cummings.“Mais Steven tourne avec un éclairage minimum et une équipe réduite, ce qui fait que nous sommes bien plus rapides que la plupart. Il a pu faire en une journée ce qui aurait pris une semaine à n'importe qui d'autre. Le cadre rend l'histoire encore plus crédible.”
Cette efficacité caractérise la façon de travailler de Steven Soderbergh. Comme à son habitude, il était aussi son propre directeur de la photo et son propre monteur sur « Effets secondaires ». “En tant que chef-opérateur, il a trouvé pour ce film un langage visuel qui donne la chair de poule juste ce qu'il faut”, dit Burns.
Chaque soir, Soderbergh montait les images tournées dans la journée. “Nous voyions tous les jours des choses que nous n'aurions normalement vu que quatre ou cinq semaines après le tournage”, dit di Bonaventura. “C'est un gros avantage car Soderbergh a ainsi l'occasion de vérifier très vite si les choix qu'il a fait donnent le résultat escompté. Il peut calibrer les performances presque instantanément. Il sait quelle sera la portée du film, il voit si la tension monte suffisamment. C'est un procédé très efficace.”
Cummings et Soderbergh ont travaillé avec la costumière Susan Lyall pour créer la garde-robe cohérente d'une fille active de Manhattan. “Nous nous sommes dit qu'Emily devait porter beaucoup de noir, ce qui est très new-yorkais”, dit-elle. “Elle a gardé quelques habits du passé, sans plus. C'était important que ses tenues soient d’un style épuré.”
La costumière a davantage pu s'amuser avec le personnage de Jude Law. “Il réussit, il est dans la presse. Toutes ces choses influent sur la manière dont il s'habille.” Zeta-Jones et Tatum sont tous deux vêtus de vêtements de marques. “Catherine vient du quartier riche de l'East Coast, c'est une autorité dans plusieurs domaines médicaux. Elle est habillée en conséquence”, dit Lyall. “Le personnage de Channing vit dans un monde de costumes-cravates. Les hommes de Wall Street ont toujours une tenue appropriée, donc même quand ils sont décontractés, ils sont chics.”